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C'est un moment de bascule passionnant et marqué d’une violence sourde. L'approche de la fin de carrière d'un grand sportif et la peur de l'horizon incertain qui se rapproche après des années tendues vers un unique but : aller plus vite, plus haut, plus fort que ses adversaires. La quasi- totalité d'entre eux refusant de l’évoquer au moment où il se produit, le cinéma doit donc, pour le raconter, passer par la fiction. Avec l’exigence qu'elle soit extrêmement documentée. C'était le cas voilà peu de l’excellent Cinquième set. Et c'est à ce que s'emploie tout aussi remarquablement Pascal Plante avec ce film labellisé Cannes 2020. Lui s'intéresse à la nage papillon. A 23 ans, son héroïne Nadia (impressionnante Katerine Savard) a décidé de prendre du recul après les JO pour se consacrer à ses études de médecine. Plante décrit le temps douloureux des séparations avec sa coach, ses coéquipières du relais... Ces ultimes soirées où on se lâche un peu plus, en se sentant libre de balancer ss quatre vérités sur la relation entre sportives - où la compétition et le narcissisme rendent impossible la profondeur de la sororité affichée – comme de s'autoriser quelques substances festives interdites. Plante raconte ce sas de décompression en distillant de jolies parenthèses poétiques (sa manière de jouer avec les motifs de l'eau) dans des scènes d’un réalisme jamais pris en défaut. Sa mise en scène discrète laisse toute la place à cette tragi-comédie humaine où ceux qui continuent ne veulent pas entendre celle qui s'en va. Pour ne pas se projeter dans ce moment à terme inévitable.