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La mise en scène (un peu trop) soignée et la direction d’acteurs très précise attestent de la patte d’un grand cinéaste. Mais, assez vite, un malaise s’installe, avec l’impression de plus en plus pesante que le soin apporté à la réalisation cache un besoin de tourner autour du pot, faute de substance. Surstylisé et chargé d’informations trompeuses, chaque plan ne sert qu’à retarder
l’échéance de la révélation. Autant celle de Memories of Murder était choquante parce que tirée d’une histoire vraie, autant celle-ci laisse indifférent. Trop peu, trop tard.
Toutes les critiques de Mother
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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(...) la virtuosité jamais démentie du prodige coréen, son attrait pour les histoires d'idiots du village et pour la collision entre la monstruosité et l'ordinaire de la vie quotidienne, font de Mother une sorte de synthèse en sourdine de ses deux précédents longs métrages.
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Grâce à son génie de la digression et de l'ironie absurde et cruelle, l'ami Bong parvient ainsi à saisir la manière dont le réflexe homicide se répand, aussi bien à l'intérieur d'une petite communauté qu'au sein des plus intimes liens du sang. ça n'étonnera guère que ceux qui n'avaient pas vu son précédent drame criminel, l'excellent Memories of Murder.
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A jouer la carte d'une intensité intériorisée, livrant ses informations au compte-goutte, le film ne glisse pas comme pouvaient le faire Memories of murder et, surtout, The Host : il avance cahin-caha, à la manière d'une carriole déboussolée, aiguisant ses effets de rupture quand tous les précédents misaient sur une symphonie certes criarde, mais assurément plus ample et plus souveraine sur la durée. Il ne faut pas y voir la parenthèse mineure (et encore moins malade) d'un cinéaste pouvant tout se permettre : Mother est avant tout la preuve de la santé phénoménale de son auteur.
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BJH ne cesse d’égarer son spectateur sans jamais le perdre, formidable paradoxe. Et s’il en profite pour épingler une fois de plus les dysfonctionnements des institutions ou le regard parfois aveugle de la société sur certains individus, il sonde au cœur de son film une autre question peut-être plus dérangeante : poussé jusqu’à un certain degré, l’amour d’une mère pour son fils est une nécessité et une folie, il protège et tue, il est magnifique et monstrueux. Sous ses dehors de jeune prodige du cinéma de genre un peu rigolard, Bong Joon-ho interroge mine de rien à chacun de ses films le malaise dans notre civilisation. Son cinéma ne mélange donc pas seulement les genres, mais aussi le noble et le trivial, la surface fun et la profondeur plus grave, la distraction et la réflexion. Son désir, son énergie, sa liberté sont contagieux.
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Le quatrième film du cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho, 40 ans, confirme avec éclat l'évidente force de son style, ainsi qu'un regard plus affiné encore que dans ses précédents films sur les comportements de ses personnages. Mother fait souvent rire tout en proposant un récit aux franges du pathétique. En résumé, c'est un mélo ponctué de notations hilarantes. La comédie, la chronique sociale, le récit policier s'y entremêlent avec un art virtuose, quoique discret, sans équivalent dans le cinéma contemporain.
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Quand on voit Mother, on se dit que personne ne peut montrer autant de liberté, d'inventions et d'énergie dans le traitement d'un cliché aussi éculé que celui de la mère-courage.
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On aurait bien émis quelques réserves, trouvé quelques faiblesses au film parce que tous ces compliments entassés, ça deviendrait presque louche, mais on n'a rien trouvé. Aucun bémol. Rien. Juste des compliments en rafale.
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Entre les lignes, on devine les mutations de la société coréenne et la variété d'inspiration de Bong Joon Ho, décidément l'un des réalisateurs les plus excitants du moment.
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Du premier plan, poétique et mystérieux, d’une femme dansant dans un champ de blé, à la dernière image poignante de cette même femme, peut-être enfin libérée, le film surprend. Par son mélange des genres, ses ruptures de ton et une multiplicité des personnages très divers : voyous, marginaux, lycéens, businessmen, policiers. La mère Courage elle-même n’a rien de conventionnel : prête à tout, elle s’introduit par effraction chez un présumé coupable pour fouiller ou s’invite à l’enterrement de la victime pour y crier l’innocence de son rejeton. Comme dans les précédentes œuvres du réalisateur, la société coréenne en prend pour son grade : la police est incompétente, la justice corrompue, la jeunesse dissolue. De la même veine que le formidable « Memories of murder », « Mother » impose encore une fois ce réalisateur dont l’œuvre est à la fois riche, intelligente et grand public.
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(...) Bong Joon-ho ajoute à cela un poids humain, une mélancolie qui empêchent le film de sombrer dans le second degré permanent. C'est un burlesque dépressif, hanté par l'échec, l'absent (le souvenir, le père), le vide. Avec sa folie et son air ailleurs, cette Mother est un personnage aussi fantastique que le monstre de The Host. Une sublime aberration.
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Filmée par le virtuose Joon-ho Bong(« The Host »), cette histoire d’amour fusionnel, monstrueux même, oscille entre le tragique et le comique, tout en ménageant un suspense formidable.
Les acteurs sont épatants, à commencer par l’héroïne, Kim Hye-ja, une actrice de 70 ans abonnée aux rôles de mère courage. -
Bien qu’étant également un thriller sombre, doté d’effets de suspense haletants, Mother n’a pas la puissance narrative de ce dernier [Memories of murder] mais compense largement ce handicap en s’élevant au-dessus de la simple trame policière, à l’instar de ces mouvements de caméra amples et aériens, afin de développer une réflexion fascinante sur le dévouement névrotique d’une mère envers son fils.
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Mélange des genres (du thriller au mélo). Ruptures de ton brutales. Et humour noir décapant (courses-poursuites au golf et ping-pong verbal au commissariat)... A mi-parcours, Bong Joon-ho inverse le mouvement : le récit se concentre sur la mère et sa relation obsessionnelle, étouffante, mortifère avec son fils. Sans perdre sa vivacité initiale, la mise en scène se resserre sur l'étonnante Kim Hye-ja. Derrière sa fragilité apparente, l'actrice (incarnation de la « maman idéale » à la télévision coréenne) transmet énergie et violence à cette vieille femme au bord de la folie. Prête à tout - vraiment tout - pour sauver la chair de sa chair. On admire cette femme au moins autant qu'on la craint...
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Dans la lignée du formidable Memories of Murder, Bong Joon-ho signe un polar intimiste qui, tout en dénonçant la corruption de la société coréenne, se concentre sur l’individu. Le cinéaste s’intéresse à la relation irrationnelle qui lie une mère à un fils.
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La force du rapport entre cette mère et sa seule raison de vivre se dilue et l'émotion qui devrait nous étreindre s'évapore. Le petit film d'un grand cinéaste.