- Première
L’homme-singe, c’est Dev Patel. Ou plutôt le “Kid”, combattant clandestin qui court après le rêve de voir couler le sang des assassins de sa mère : un flic véreux et un gourou en plein power trip. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil asiatique ; une vendetta comme on en a déjà vu chez Park Chan-wook ou Kim Jee-Woon. Pourtant, Dev Patel fait de ce premier essai le terrain de jeu parfait pour ses expérimentations. Infusée des arômes du thriller coréen, d’un stoïcisme johnwickien et même d’un peu du glauque de Jordan Peel (qui produit le film), cette plongée dans la société indienne moderne est l’occasion de tester les limites du revenge movie. De la bagarre, du sang, des courses-poursuite. Bien sûr. Mais aussi la recherche d’une forme de spiritualité qui transcende les stigmates du corps. Si le “slumdog millionaire” (qui a bien changé !) se pose en cobaye dans son propre laboratoire, le corps dont on parle, c’est aussi celui des marginaux, des gens d’en bas ou d’à côté, de la ruelle (pour ne pas dire du caniveau). Une étude sociologique bienvenue parce qu’elle a le mérite de donner une profondeur au modèle institué par Keanu Reeves, mais qui pêche un peu en ce que Dev Patel, (très) bon élève, a peut-être voulu trop en dire sur le coming-of-age d’un orphelin, l’injustice du système de castes et la nécessité de l’inclusivité.
Chloe Delos- Eray