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Tout à coup, le réel frappait à la porte. A la fin de La Cordillère des songes, envisagé comme un somptueux poème visuel sur l’identité du Chili millénaire, Patricio Guzman se retrouvait confronté aux luttes très contemporaines en voyant tout à coup, dans la rue, la population se soulever à cause de l’augmentation du prix des transports. Quelques mois plus tard, le documentariste exilé revenait à ses premières amours : le reportage et le cinéma direct. Fini la philosophie ou la fable : ici Guzman filme donc l’action, les femmes révoltées et la révolution en cours - qu’il regarde forcément au prisme de celle qu’il avait enregistrée en 73. Ce cri de douleur et d’espoir se révèle aussi beau que ses essais philosophiques précédents dont ce Pays Imaginaire (utopie qui renvoie autant au futur rêvé qu’au Chili de demain) pourrait être une coda brute et réelle.