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Christian Carion n’est pas à proprement parler le réalisateur le plus dingo de France. Les consensuels Une hirondelle a fait le printemps, Joyeux Noël, En mai fais ce qu’il te plaît l’ont plutôt rangé dans la catégorie pépère des élèves appliqués qui récitent leur travelling et leur panoramique d’après le manuel. L’affaire Farewell -déjà avec le fidèle Guillaume Canet- avait néanmoins laissé entrevoir un appétit pour les atmosphères grises et étouffantes accolées aux films de genre dont Mon garçon est un exemple autrement plus convaincant.
Exercice de style Derrière son titre gentillet trompeur, le dernier Carion s’apparente en effet à un pur exercice de style dans lequel Canet interprète Julien, un père de famille dévasté par la disparition de son fils, probablement enlevé, qu’il va tout faire pour retrouver. Sorte d’actioner un peu sophistiqué, Mon garçon ne s’embarrasse pas trop de psychologie, tout juste a-t-on droit à une très belle scène entre Julien et son ex-femme (Mélanie Laurent, excellente) au cours de laquelle on comprend qu’il n’a pas été le père idéal. Le mystère autour de ses activités professionnelles, son sens du pistage suffisent à établir des compétences particulières qui le serviront dans sa traque obsessionnelle, filmée caméra à l’épaule dans une zone montagneuse dont le caractère menaçant est parfaitement exploité par Carion et son chef op’. Leur travail sur l’espace et le hors-champ culmine dans un dernier acte éprouvant pour les nerfs. Mission accomplie.