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Le script, embrouillé à souhait, semble mimer la néo -"politic attitude" avec son entrelacs de micro-intrigues louches et de protagonistes ambigus. On frôle parfois les clichés du genre? Soit, mais, rapidement, la fiction embarque dans son charme bizarre, ses chausse-trappes malsaines, son atmosphères claustro... Gilroy, classique et nerveux, enregistre tout au plus près: Clooney comme New-York.
Toutes les critiques de Michael Clayton
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Téléramapar Aurélien Ferenczi
(...) le cinéma américain, pourtant réputé le plus formaté au monde, nous donne régulièrement des leçons d'engagement, voire de citoyenneté ordinaire. Il semble pourtant que l'Europe et la France connaissent aussi leur lot de scandales écolos ou politiques, d'injustice érigée en système, de complicités monnayées en euros. On aimerait que nos cinéastes s'attaquent eux aussi aux perversités du pouvoir capitaliste, avec ce même savoir-faire qui sait concilier réalisme et sens du suspense. A leur décharge, il leur manque peut-être l'essentiel : cette improbable alliance de glamour et de conscience politique baptisée George Clooney.
- Le Mondepar Thomas Sotinel
Tony Gilroy se soucie de l'époque et de ses moeurs, mais il sait aussi tenir son récit selon les règles éprouvées du thriller. Contrairement à celles d'autres films dans lesquels Clooney remettait en jeu son statut de séducteur - Syriana, The Good German -, l'intrigue de Michael Clayton reste toujours limpide, trouvant son habitat naturel dans les immeubles de bureaux trop éclairés de New York, dans les rues désertées par la nuit et l'hiver. Un film noir pour notre temps.
- Fluctuat
Michael Clayton suit les péripéties d'un avocat qui travaille dans l'ombre d'un grand cabinet et arrange pour ce dernier les affaires de clients aussi puissants que douteux. Présenté à Venise, Deauville et Toronto par un George Clooney sémillant, ce long métrage arrive sur nos écrans auréolé d'attentes. D'autant qu'on nous a promis, en plus du suspense distrayant, un film politico-écologique. A voir.
Le glamour qui a entouré la présentation du film à Venise, Deauville et Toronto lui sied comme un gant. George Clooney avec son sourire charmeur semble toujours nous demander ce que diable il nous faudrait de plus que ce qui nous est offert là. Autrement dit "What else ?". Réponse : trois fois rien mais c'est ce qui fait tout. Car pour son premier film derrière la caméra, Tony Gilroy nous offre exactement tout ce qu'il a promis de nous offrir. Tout fonctionne, du cadrage à la lumière en passant par la musique et par le jeu magistral de l'ensemble des acteurs, tous remarquables, tout est là, sans trop d'évidence non plus ce qui permet de n'être pas totalement estampillé hollywoodien. Pourtant il semble que le metteur en scène, scénariste très reconnu qui a dû attendre cinq ans avec son script sous le bras pour faire son premier film en tant que réalisateur, ait un peu trop voulu faire un beau travail. Il y arrive d'ailleurs si bien qu'on est surpris de ne pas être touché par cette belle machinerie. Mouvements de caméra parfaits, lumières ciselées, tout colle mais cette belle mécanique cinématographique reste sans aspérité, sans coquille personnelle amenant à la surprise.Le scénario, la manière dont sont faits les personnages, ainsi que les acteurs qui les interprètent, retiennent toutefois le spectateur. Tilda Swinton et Tom Wilkinson sont particulièrement remarquables et font sentir à quel point Clooney n'est pas un interprète aussi prestigieux que son statut de star le laisse entendre. Qu'à cela ne tienne, il est là, une fois encore, dans un "thriller de la bonne cause", genre qu'il semble constituer au fil de sa carrière d'acteur et de producteur et dont il est l'un des participants les plus fervents. Dénonçant des trafics que font les multinationales à coup de dollars et de pollution chimique, il aurait pu figurer une version masculine d'Erin Brockovich. On pensera d'ailleurs assez souvent au film de Steven Soderbergh d'autant qu'on sait ce dernier ami avec George Clooney. La différence majeure entre Brockovich et Clayton est leur rapport au corps. Ici notre personnage est avocat et calculateur. Il travaille à New-York. Totalement désincarné, c'est un être solitaire qui aujourd'hui fonctionne à défaut de vivre, comme s'il avait fait une croix sur cette dernière possibilité. Aussi il semble traverser le monde sans en éprouver les sentiments ni les sensations, jusqu'à ce qu'un de ses amis y perde la vie.Travailleur aux mains blanches, c'est un homme aux nuits courtes qui profite de l'obscurité pour résoudre les problèmes qui le jour se heurtent aux gratte-ciels. La nuit, à New-York comme ailleurs, tous les chats sont gris et bars et bureaux d'affaires se confondent. Dans ces univers froids où les contrats se dealent et où les avocats discutent, les perspectives se succèdent jusqu'à finir par se boucher, figurant un avenir bien quadrillé. Ici les lois de la ville résonnent jusque dans sa grande banlieue et on se méfie même de l'horizon clair dont on ne pourra pas profiter plus de deux minutes. "Je voulais que le film se déroule au milieu des gratte-ciels du centre de Manhattan, le coeur du monde corporatiste, précise Gilroy. Je souhaitais en particulier filmer la 6e Avenue, qu'on appelle aussi l'avenue des Amériques. ( ) C'est un spectacle à la fois superbe et effrayant, il y a quelque chose de colossal et d'écrasant dans cet alignement d'immeubles majestueux."Antihéros du nouvel âge moderne, Clayton est seul dans le système, il l'accrédite sans vraiment le vouloir. Ce bon petit soldat de la société du confort matériel où l'opportunisme est devenu une règle de vie, a pourtant fait la guerre et vu l'horreur des batailles sanglantes. Désabusé, face à plus froid que lui, il finira par découvrir et poser ses limites et acceptera de dénoncer l'inacceptable. Pour se faire, Tony Gilroy place Clayton-Clooney entre la froideur désespérée et calculatrice du personnage de Tilda Switon et la chaleur humaniste de celui de Tom Wilkinson. Avec ces scènes, les plus percutantes du scénario, Gilroy tient un propos saisissant sur le monde du travail et on ne peut qu'agréer quand il déclare : "Je crois que cette histoire va beaucoup toucher les gens car pour la plupart, nous avons tous fait face un jour ou l'autre à une situation professionnelle allant à l'encontre de notre morale personnelle".Michael Clayton
De Tony Gilroy
Avec George Clooney, Tilda Swinton, Tom Wilkinson
Sortie en salles le 17 octobre 2007Illus. © SND
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- Lire les fils acteur, mostra sur le blog cinémaLe JDDpar Barbara ThéateScénariste de la trilogie des Jason Bourne, Tony Gilroy signe un polar aride et un brin dépressif, entre intrigue faite de complots à la John Grisham et ambiance âpre des thrillers des années 1970. George Clooney enfile, avec une sobriété exemplaire, le costume de cet anti-héros en plein doute, et se fait une nouvelle fois, après Syriana et Good night, good luck, le porte-parole d'un cinéma américain critique et politiquement engagé.
Ellepar Françoise DelbecqVoici un film d'une complexité digne du code des Affaires ! Composé de nombreux flash-back, le film se révèle pénible à suivre. Si le sujet fait penser à la série Damages, avec Glenn Close, qui fait actuellement un carton aux Etats-Unis, ce Michael Clayton est bien fade, hormis le regard de velours du beau George, toujours aussi renversant. Est-ce suffisant?
Télé 7 jourspar Julien BarcilonA défaut de jouer la carte de l'originalité, le scénariste de la saga Jason Bourne démontre, pour ses débuts en réalisation, un solide savoir-faire avec ce thriller efficace (dans la veine de La Firme), dont Clooney est la pierre angulaire.
Pariscopepar Virginie GaucherImpossible de ne pas penser à « La firme » de Sydney Pollack, ici acteur et producteur, où un avocat idéaliste découvrait les vilenies de son cabinet. Mais notre héros est beaucoup moins propre sur lui que Tom Cruise : père indifférent, accro au jeu, endetté, doté du sens moral d’une anguille. Là où Cruise s’effarouchait très vite, il en faut pas mal au beau George pour se réveiller. Une rencontre avec des chevaux par exemple, des chevaux libres et paisibles dans le petit matin, une échappée belle… rappelant Sterling Hayden et ses rêves dans « Quand la ville dort ». Ce polar, qui retrouve certains accents du grand cinéma dénonciateur des années 70, est classique, solide, bien écrit et son principal atout, ses personnages, loins de tout stéréotype, avec mention à la « méchante » d’envergure, la trop rare Tilda Swinton.
Paris Matchpar Alain SpiraPourquoi faire compliqué quand on peut faire alambiqué? C'est sans doute ce que s'est dit Tony Gilroy, le scénariste de La mémoire dans la peau, en écrivant et réalisant ce thriller auquel on ne comprend pas grand-chose pendant un bon moment. Le plus grave est qu'on s'en fiche, tant la réalisation est formatée "film du dimanche soir". George Clooney fait son boulot de star sans se fouler.