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Quatorze ans après La chambre du fils, Nanni Moretti signe un nouveau film où il est question de mort et de renaissance. Contrairement à la Palme d’Or 2001, Mia Madre commence pas par une disparition brutale, insupportable, quasiment insurmontable, mais par le tournage d’un film social dirigé par l’irascible Margherita dont on découvre peu après que la mère se meurt à l’hôpital. Toute l’intrigue est rythmée par ces incessantes allées et venues entre le plateau et l’hosto, entre la vie sublimée et la mort annoncée. La nuit américaine meets Amour.
Difficile de ne pas voir derrière cette Margherita (interprétée par la délicate Margherita Buy) Nanni Moretti lui-même : le cinéaste italien a perdu sa mère, ancienne professeure de lettres comme le personnage en question, dans des conditions similaires il y a quelque temps. Il s’est pour sa part pudiquement réservé le rôle du grand frère trop raisonnable qui met en lumière la fragilité et les doutes de l’héroïne, peut-être mauvaise fille, visiblement maman à temps partiel, sans doute bonne réalisatrice –elle en a ce statut en tout cas. Passé maître dans l’art de la litote, Moretti raconte en creux les effets pervers d’une vie dédiée à l’art qui sacrifie les proches et la jouissance, le tout sans cynisme aucun, de manière douce et apaisée.
Et puis, il y a John Turturro. L’acteur fétiche des frères Coen (hello les bros !), apporte une touche de fantaisie qui donne au film ses meilleurs moments : une scène d’ivresse, une autre d’engueulade, une dernière de danse endiablée. Le plus Italien du film, fantasque et bruyant, c’est lui.
Toutes les critiques de Mia madre
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La danger était d'en faire un film voyeuriste. Mais ce n'est pas du tout le cas. C'est un film qui remue les entrailles.
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L’un de ses plus beaux films, une œuvre touchant à des choses essentielles, et si gracieuse dans sa manière de tout lier et de tout emporter, mélancolie et vitalité, tristesse et amour, comique et tragique, misanthropie et humanisme.
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Un excellent cru, une réflexion magistrale sur le deuil maternel. Une manière émouvante de témoigner du rôle indispensable du cinéma.
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Dans les échanges, enfin, proches ou à distance, pleins ou lacunaires, entre la fille et sa mère, Moretti parvient à témoigner de choses très personnelles, avec le souci constant de les rendre universelles. Il réussit ce tour de force de fondre l'émotion la plus vive avec une simplicité des plus harmonieuse.
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La mère est incarnée par la formidable Giulia Lazzarini. Par sa présence discrète et sa bienveillance, cette actrice inconnue en France apporte à cette chronique sensible un supplément d'âme, en donnant l'impression de pouvoir être notre maman à tous.
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Porté par la sensibilité bouleversante et le jeu, tout en variations infimes, de son actrice, dont l’état d’hébétude, d’absence à elle-même, n’est pas sans rappeler celui du pape Piccoli, Moretti met en scène une nouvelle tragédie de l’impuissance.
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Intelligent et bouleversant, à l’image du jeu de Margherita Buy, magnifique alter ego du réalisateur
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(...) un long-métrage sublime et émouvant.
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Joli instantané de ses doutes de cinéaste, et de l’Italie d’aujourd’hui.
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Ce film plein de sève et de sollicitude offre à la star de "Transformer" John Turturro, 58 ans, le rôle d'un acteur américain médiocre, d'une drôlerie hallucinante.
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Grave, mais pas triste, souvent très drôle, d’une intelligence exceptionnelle. Avec en prime un "numéro" de John Turturro en acteur vedette américain incapable de mémoriser la moindre réplique.
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Derrière une simplicité narrative confinant à l’évidence la plus pure, Moretti injecte à son film une complexité déconcertante qui fait de "Mia Madre" un sommet de ce genre mental qu’on appelle désormais le film-cerveau.
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A ne manquer sous aucun prétexte.
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Un très beau film réalisé par un cinéaste en pleine possession de son art.
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Un film sans pathos qui détourne les logiques du mélo.
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"Mia Madre" choie jusqu'à son dénouement inévitable. Il sera d'une infinie tendresse. Le temps d'un film, Giulia Lazzarini est un peu devenue la mère universelle.
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Nanni Moretti n’est pas loin de réussir l’alchimie parfaite avec ce film d’une grande fluidité, à la fois grave et léger, drôle et tragique, embrassant large sans jamais manquer de justesse ni de profondeur.
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Par sa présence discrète et sa bienveillance, Giulia Lazzarini apporte à cette chronique sensible un supplément d'âme, en donnant l'impression de pouvoir être notre maman à tous.
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Une histoire qui, fatalement, nous fait verser quelques larmes, touchés par le ballet des sentiments que fait naître le réalisateur, mais aussi par la beauté de ce portrait de femme forte et fragile à la fois.
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(...) pas une ligne de texte outrageusement littéraire, pas un seul effet d’atmosphère, on respire dans Mia Madre un air sec, sans odeur, et pourtant le film est bouleversant.
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Le film est remarquable. La comédienne Magherita Buy se révèle bouleversante.
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Un autoportrait en creux d’un cinéaste qu’on a rarement vu si modeste.
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(...) un film profond sur le travail, l’amour, la mort.
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Le jeu délicat de Margherita Buy, qui ne verse jamais dans l’hystérie gratuite, épate dans les larmes comme dans le rire.
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Tout comme La Chambre du fils pour lequel le réalisateur avait obtenu la Palme d’or en 2001, Mia Madre émeut sans être plombant.
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par Jérémy Ponthieux
Jamais pontifiant, "Mia Madre" trouve son véritable sel lors de reconstitutions de tournage jubilatoires et décapantes qui révèlent in fine plus de choses sur la nature humaine qu'ailleurs.
(...) la force de Mia Madre est de donner, à travers la relation de ces deux personnage à sentir l’écart entre l’enfant qu’on aimerait être, et celui que les contingences de la vie nous amènent à être.
Au-delà des interprétations, "Mia Madre" reste un film des plus agréables (...) Une comédie dramatique en somme, mais nourrie d'un message fort.
D’une charge émotionnelle dévastatrice, ce film humain, authentique et intelligent fait le constat de l’impuissance d’un enfant face à la perte imminente d’un parent sur un mode tragicomique.
La rencontre Nanni Moretti et John Turturro donne lieu à vrais beaux moments de cinéma. Restent quelques longueurs.
cCest la palme du consensus ! La tragicomédie du maître italien a rassemblé la critique cannoise dans le rire et les larmes (...) Nul coup d'éclat ici, mais une valeur sûre qui pourrait convaincre le jury.
Si le film est loin d’être désagréable, difficile pourtant de crier au génie. (...) Quand le film sort de son réalisme un peu plat pour s’aventurer dans le bouffon ou le trouble intérieur, on serait prêt à le suivre. Mais très vite, Moretti reprend toujours sa petite leçon de vie trop calibrée. On voulait être ému, touché, on s’est juste poliment ennuyé.
Les films de Nanni Moretti, comme ceux de Woody Allen, se classent par millésime. Pour l'Italien, 2015 est une année moyenne.
Moretti demeure dans sa zone de confort, et nous offre un mélo-comico-sociétal soigné mais terriblement convenu.