-
L’histoire du cinéma de science-fiction est ainsi faite que la France a rarement su égaler les Américains et les Japonais. 2023 sera peut-être l’année du changement : proposition radicale de SF, Mars Express bande les muscles et s’inscrit dans le cadre de la remontada spectaculaire du film de genre hexagonal (Acide, Le Règne animal, Vincent doit mourir…). On est en l’an 2200, la planète rouge est colonisée depuis longtemps et une détective privée, accompagnée par son binôme androïde, cherche à élucider la disparition d’une étudiante en cybernétique. Une enquête entre la Terre et Mars qui va secouer toute la civilisation… Élevé à l’école Métal Hurlant, le réalisateur Jérémie Périn (remarqué grâce aux séries d’animation Crisis Jung et Lastman) impose très naturellement un univers peuplé de robots intelligents, de meurtres crapuleux, de magouilles, d’institutions corrompues et de pas mal de second degré (le phrasé des doubleurs, volontairement très « français », crée une dissonance assez hilarante). De la science-fiction généreusement hard boiled, qui dialogue avec Ghost in the Shell et Blade Runner sans se faire écraser par ces références intouchables. Le vertige survient autant par la mise en scène - les séquences d’action démentes comme les moments calmes sont filmés avec la même maniaquerie - que par une patte visuelle assez inimitable, à la jonction d’un réalisme glacial et d’exagérations typiques de la japanimation. Après ça, la SF française ne sera plus jamais la même.