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La problématique de ce documentaire était au fond très simple : comment évoquer la vie d’une icône ? Comment transformer le christ jamaïcain en un sujet de fi lm ? Dès le début, le cinéaste écossais choisit la limpidité. Marley est une oral history, le récit de la vie du chanteur de sa naissance jusqu’à sa mort, racontée par ses proches. Académique ? Peut-être, mais aussi imparable. Réalisé avec le concours de la famille, le fi lm ne tombe jamais dans l’hagiographie ; truffé de séquences musicales, il ne se dilue pas non plus dans le concert filmé... Les témoignages, les images d’archives et les enregistrements de ses concerts finissent par composer un puzzle qui n’hésite pas à aborder les sujets qui fâchent (son infidélité légendaire, ses contradictions politiques) sans pour autant écraser le personnage. Au fond, il n’y avait pas de meilleur sujet pour Macdonald. On connaît sa fascination pour l’Afrique (Le Dernier Roi d’Écosse) et pour les 70’s (Un jour en septembre), sa curiosité pour les personnages « ogresques » (Idi Amin Dada, Klaus Barbie) et surtout pour le métissage (sujet en creux de L’Aigle de la neuvième légion). C’est précisément l’axe de ce documentaire, le fil rouge choisi pour raconter Marley, figure complexe et complexée qui regrettait « de n’avoir pas été plus noir ». La force du fi lm, c’est que, pour guider le spectateur à travers les effluves de ganja, le réalisateur a choisi de se mettre en scène, devenant progressivement le Nicholas Garrigan du chanteur – dans Le Dernier Roi d’Écosse, on découvrait l’Ouganda et son dictateur Idi Amin Dada à travers regard de ce jeune docteur blanc et naïf interprété par James McAvoy. Là, c’est le cinéaste himself qui endosse le rôle de Candide, enivré (mais jamais dupe) par la beauté de la Jamaïque, le charisme du chanteur et de ses femmes. Ce point de vue, qui aurait pu irriter, est finalement salutaire : face au mysticisme rasta, face à la légende dévorante de Marley, Macdonald incarne la rationalité, le regard distancié, tour à tour crédule et sceptique, enthousiaste et inquisiteur. Cette dialectique, la volonté du cinéaste de ne jamais se laisser écraser par la légende, de faire coûte que coûte du cinéma (l’intro, la séquence où le demi-frère blanc de Marley écoute Cornerstone ou tout le final), font qu’il ne se laisse jamais dépasser par son sujet. Et les deux en sortent grandis. Ja Man !
Toutes les critiques de Marley
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Particulièrement exhaustif, ce documentaire nous fait plonger dans l'intimité de Bob Marley. Interview inédites, archives privées, montage soigné et final très émouvant : Kevin MacDonald réussit le biopic ultime !
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Le film ose tout, s'inspirant autant de son compatriote Inarritu que du cinéma coréen. Le résultat, corsé et violent, impressionne.
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Malgré son caractère officiel, ce beau documentaire relate l’intégralité de la vie de la légende du reggae avec suffisamment de recul pour garder toute crédibilité. Passionnant.
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Grâce à ce documentaire électrisant, vous allez découvrir l'individu qui se cache sous les dreadlocks (...) Une façon de garder la tête froide face à l'écrasante légende, de mettre en évidence la complexité et les côtés moins reluisants de l'homme (ses contradictions politiques, son austérité, ses infidélités).
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Au long de ce film imposant et passionnant, le cinéaste britannique Kevin MacDonald donne une réalité humaine à Robert Nesta Marley (...). MacDonald marche sur les traces de Martin Scorsese.
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MacDonald montre fort bien le mélange d'ambition, de discipline militaire et de pureté religieuse qui fit la légende de Bob Marley.
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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Bob Marley sans jamais oser le demander : c’est ici, dans ce documentaire assez réussi sur le plus célèbre des rastas. (...), le film retrace toute la vie du génial musicien, figure majeure du reggae. Un film approuvé par sa famille, donc forcément un peu trop hagiographique, un peu trop long aussi, mais qui, de la Jamaïque à l’Afrique, tourne une page de l’histoire du XXe siècle à travers l’histoire d’une icône.
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Le film de Kevin Macdonald déroule une biographie lisse et sans surprises, qui informe mais survole. Malgré ses 2h30, le film donne l'impression de ne s'attarder vraiment sur rien.
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"Marley" se déguste avec un plaisir non feint, Macdonald parvenant à satisfaire connaisseurs et profanes en fouillant son sujet, tout en le déroulant avec pédagogie.
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cette anthologie de l’idole reggae, riche en images d’archives et en témoignages quatre étoiles, ne parvient jamais à repousser les limites d’un genre au bord de l’épuisement. Parce que le point de vue de Macdonald sur son sujet s’avère particulièrement académique. Et que son souci du détail mâtiné de vulgarisation (reconstituer l’homme et l’époque à la façon d’un livre d’images ou d’une fiche Wikipédia géante) ne fait que lustrer la légende bien connue du chanteur, ramenant le film à un statut d’objet collector indéniablement formaté.
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Ce documentaire vaut surtout pour ses éclairages sur le reggae, musique d'échos et de contretemps. Jusqu'à ce moment historique, en 1978 : Bob, magnifique avec ses dreadlocks, entre danse et transe, qui fait venir sur scène les deux leaders politiques rivaux d'une Jamaïque alors violemment déchirée. La ferveur ambiante, le charisme phénoménal de Marley : le film mérite d'être vu rien que pour cette séquence de pur envoûtement.
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Les plus grands moments du film sont évidemment les extraits de concerts qui rappellent l’incroyable puissance tellurique des Wailers et le charisme chamanique d’un leader comme il en existe un par génération. Ces instants d’abandon sensuel font regretter le défaut du film qui est celui de beaucoup de docs anglo-saxons : le montage trop rapide, guidé par le principe de “l’efficacité”. Crainte d’ennuyer le spectateur ou volonté de tout caser en 2 h 24 ? Toujours est-il qu’on souhaiterait plus d’une fois que ce film respire plus amplement, adopte le fameux contre-temps du reggae ou les excroissances du dub, laisse certaines chansons aller jusqu’à leur terme et le spectateur planer avec. A cette réserve près, Mar ley dispense de bonnes “rastaman vibrations”.
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Les fans du fumeur de joints n'apprendront peut-être rien, mais ceux dont les connaissances se limitent au livret du best of seront heureusement surpris.