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(...) en adaptant (avec Florence Vignon) le roman d’Éric Holder et en le transposant des années 50 à nos jours, il n’évite pas l’écueil d’une intrigue simplissime et un peu datée.
Toutes les critiques de Mademoiselle Chambon
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le miracle de Mademoiselle Chambon est de ne chercher aucune échappatoire et d'affronter, sans la moindre fioriture, la douleur de l'attachement passionnel qui ne peut s'épanouir sereinement. (...) En tout cas dans le cinéma, il est rare de parvenir à une telle finesse dans l'analyse des tourments qui peuvent affecter l'âme humaine quand il s'agit de choisir entre deux options de vie, toutes deux parfaitement justifiables.
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[...] Stéphane Brizé rend palpable toute une palette d'émotions. S'il le doit à la subtilité de sa mise en scène, les acteurs y sont pour beaucoup. Entre silences et sensualité, Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon sont d'une rare intensité contenue.
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Le ton juste, sorte de semi douceur qu'il [Stéphane Brizé] étire et gonfle progressivement d'intensité, une structure épurée qui joue l'alternance sans frénésie, un rythme tranquille qui installe la dramaturgie sans à-coups, un usage fort de la BO. Il métaphorise, confronte habilement le monde du maçon à celui de l'institutrice. D'un côté le bruit et la poussière, de l'autre le calme et le violon. Le quotidien, la réflexion. Le bon sens pragmatique, le raffinement instruit. Tout cela se répond puis se mélange naturellement jusqu'à l'amour, aussitôt renforcé par la promesse latente d'une prochaine nostalgie. Et tout cela fonctionne car c'est de nature humaine qu'on nous parle, ce terrain familier où le cœur et la raison s'affrontent, au travers de gens ordinaires et touchants.
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Mais Stéphane Brizé et sa coscénariste Florence Vignon subliment cette trame simple, presque pauvre, en un récit authentiquement romantique et jamais mièvre. [...] En leur imposant la frugalité, le cinéaste façonne ses personnages en funambules que l'on regarde avancer, conscients du vide sous leurs pieds.
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(...) Stéphane Brizé compose ici un film délicat et fragile. Il réussit parfaitement à capter l'indicible et cristallise ces forces de l'ombre qui préfigurent la passion. Un regard, une voix, un geste puis une musique qui doucement dévaste les coeurs.
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Stéphane Brizé se fait minimaliste pour filmer l'évidence des sentiments, le combat entre le désir et l'interdit. Dans le bel écrin du Scope, l'alchimie entre Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain est magique.
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(...) le film n'aurait certainement pas cette force sans ses deux comédiens principaux : la présence aérienne de Sandrine Kiberlain et l'interprétation magnifique de Vincent Lindon, toujours époustouflant de naturel et de force fragile.
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Un film modeste sur des gens modestes, qui n'ont pas grand-chose à dire mais beaucoup à éprouver, peut être plus émouvant que beaucoup d'oeuvres grande genre et virtuoses, dont on nous rabat les oreilles.
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Stéphane Brizé, à travers la peinture fine d’un milieu social, travaille sur la passion malheureuse et la répression des sentiments, donnant systématiquement aux deux protagonistes l’impression révoltante de passer à côté du bonheur. Il parvient, notamment à travers une direction d’acteurs exemplaire et à des plans gracieux, à créer un suspense sur l’issue d’une histoire d’amour, somme toute bouleversante, qui ne parvient pas à s’assumer physiquement. D’après le roman d’Eric Holder, il s’agit là d’une approche brillante qui permet aux comédiens d’offrir l’une de leurs meilleures compositions, tout dans la subtilité.
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Dans ce film à la grâce infinie, tout passe par les regards, et les scènes principales (séduction ou séparation) se déroulent de dos. Un père que son fils lave au gant de toilette, le souffle entêtant du vent dans les arbres, une fête d’anniversaire où l’acuité du trait sidère… Aidé de comédiens formidables, Brizé signe là une remarquable épure.
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Stéphane Brizé et ses interprètes ont construit un film d'une grande délicatesse, qui assume parfaitement sa condition de spectacle tout en s'approchant au plus près de la vérité des sentiments.
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«C'est une histoire simple», précise le cinéaste qui, pour porter à l'écran un roman d'Eric Holder, a privilégié les jeux de regards au choc des corps. Le film, sensible, évoque Sur la route de Madison par sa façon délicate de traiter les amours de deux êtres parvenus à un carrefour de leur vie.
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Proche de l'épiderme, le jeu de séduction laisse d'autant moins insensible qu'il passe là, qu'on le veuille ou non, par une forme de "reconstitution".
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Tout passe par les regards, les mains qui se prennent, les mots qui cachent les sentiments. Il fallait deux grands acteurs pour faire passer cette subtilité : Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain sont au diapason. Cette brève rencontre pudique sur les choses de la vie, qui s’achève comme un vieux classique sur un quai de gare, émeut durablement.
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On peut trouver ça lent ou, au contraire, savourer la finesse de l’ouvrage et la force des sentiments, en dépit d’une certaine froideur. Surtout, il y a les acteurs. Magnifiques.
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Il y a deux façons d'être lourd, l'une consistant à en faire des tonnes, l'autre à ne faire rien en croyant produire un effet maximum. Mademoiselle Chambon relève de la seconde. [...] pétri de la présomption qu'en ajoutant du moins à du moins on obtiendra du plus. [...] Quitte à célébrer l'infime et l'inaccompli, il aurait fallu le faire jusqu'au bout .
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Le film est fait de petits riens. Ces petits riens, au bout d'un moment, finissent par ne pas former grand-chose.[...] L'adultère, oui, est aussi triste qu'un bol de café qui refroidit, avec en fond sonore, une chanson de Barbara.