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Tout débute par un rendez- vous chez un médecin. Sylvie Hofmann, infirmière cadre dans un service oncologique d’un hôpital des Bouches du Rhône et héroïne – dans tous les sens du terme – de ce documentaire a perdu l’ouïe. Suspicion d’AVC, surmenage, stress… Cette scène inaugurale donne le la de ce qui va suivre : la dernière ligne droite mouvementée de Sylvie avant son départ à la retraite, au terme de 40 ans de bons et loyaux services dans le même établissement. Sébastien Lifshitz l’a suivie pendant un an. Et une fois encore, le réalisateur d’Adolescentes réussit un tour de force en mêlant longue et courte focale, collectif et individuel. En dressant un état des lieux d’un hôpital public tout en racontant cette femme sans filtre, roseau qui plie mais ne rompt jamais malgré les cancers à répétition de sa mère, celui qui la menace à terme, les soucis cardiaques de son compagnon et son rythme infernal au travail où le COVID n’a fait qu’aggraver une situation déjà chaotique. Et le film est à son image : jamais désespéré, avec chevillée au corps une foi dans les générations qui arrivent. Lifshitz capte, comme à son habitude sans commentaire en voix- off, ces scènes de groupe et d’échanges avec son mari ou sa mère toujours à bonne distance et les mêle aux moments où Sylvie Hofmann se confie hors caméra et exprime tout ce qu’elle tait à son service : ses doutes, ses angoisses, ce stress qui la ronge… Incroyablement forte et pourtant si fragile. Le tout en seulement 1h44 après un nouveau travail virtuose de montage. Profondément humain et puissamment politique.