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Ce film est destiné à tous ceux qui, en regardant un reportage bouleversant, se demandent comment le type derrière la caméra a pu continuer de filmer. Vif et dense, sans concession, Klotz nous oblige à voir à travers les yeux d'Antoine. Il tanne son sujet jusqu'au cuir et délivre un message à l'ambiguïté dérangeante mais nécessaire sur la place des images qui peuvent aussi se retourner contre ceux qui les prennent.
Toutes les critiques de Lignes De Front
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le plus impressionnant, dans ce film, ce sont les scènes où une montagne de Rwandais sont massés dans un grenier, espérant échapper aux massacres. Ce que l'on ne cesse de redécouvrir, à travers le périple d'Antoine, reporter solitaire, c'est la beauté de collines du Rwanda où eut lieu le génocide.
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Quelque part entre le reporter d’Antonioni, le GI “théséen” d’Apocalypse Now ou le journaliste de La Déchirure, Lespert est convaincant, baroudeur dont le cuir épais finit par se liquéfier face à l’horreur. Lignes de front est irréprochable, mais en même temps prévisible. Il traite parfaitement ses sujets, mais sans les dépasser. On ne résiste pas à comparer ce film à celui de Claire Denis, qui évoque aussi les conflits africains mais en décollant vers une magie indéfinissable. Entre Lignes de front et White Material se mesure l’écart qui existe entre un bon film prosaïque et du grand cinéma poétique.
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Le rôle de Jean-Christophe Klotz (ici nommé Antoine) est tenu par Jalil Lespert. C'est la faiblesse du film, le comédien apparaissant par trop candide - même si c'est l'enjeu du rôle - et dépassé par la complexité des sentiments à exprimer. Lignes de front n'en est pas moins passionnant, par ses choix de ce qui se montre et de ce qui se suggère. Antoine a proposé un deal à un Rwandais de Paris : il l'emmène à Kigali pour l'aider à retrouver sa fiancée ; en échange, le Rwandais le laisse filmer son histoire. De ce qui importe par-dessus tout pour Antoine (filmer au plus près), le cinéaste glisse imperceptiblement vers une option esthético-éthique. Il est renvoyé à son voyeurisme, il apprend à retirer son oeil du viseur, à couper le moteur de sa caméra.
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Ce premier essai bénéficie de l’interprétation inspirée de Jalil Lespert qui ne cesse de se mettre en danger avec une troublante conviction. Mais ce que l’on retient avant tout de Lignes de front, c’est sa pertinente réflexion sur le métier de reporter de guerre et l’importance de témoigner de l’horreur. Que ceux qui s’attendent à éprouver des émotions violentes passent leur chemin puisque ce premier long métrage est avant tout le portrait d’un homme qui perd pied avec son environnement, tout en proposant une analyse précise de l’impuissance de nos sociétés humaines à endiguer toute violence. Antonioni aurait adoré.
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Filmer pour alerter, filmer pour dénoncer, soit ! Mais quand, comment, jusqu'où ?... Lignes de front, comme Kigali..., s'interroge sur deux responsables : le cinéaste, qui montre, et le spectateur, qui ne veut pas voir. Pour Jean-Christophe Klotz, le regard - comme le travelling de Godard - est une affaire de morale.
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Le reporter joué par Jalil Lespert dans Lignes de front de Jean-Christophe Klotz ne pouvait imaginer l'horreur qui l'attendait au Rwanda, en avril 1994. Sa lente descente aux enfers, caméra à la main, le mène doucement mais sûrement à la folie. En 2006, Klotz avait signé un brillant documentaire sur le génocide rwandais, Kigali, des images pour un massacre. Cette fiction, récompensée par le prix du jury au Festival de Valenciennes, revient efficacement sur cet épouvantable désastre vu par les yeux d'un témoin impuissant.
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(...) le documentariste tente de convertir ici son expérience en une fiction sur les conditions de travail des journalistes L’approche est sincère mais par trop démonstrative.
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Cela aurait pu donner un grand film mais l'histoire (trop symbolique) et la mise en scène (pas assez nerveuse) ne communiquent jamais les émotions que Klotz tente d'exorciser. Sans parler du laïus peu pertinent sur le métier de grand reporter.
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Le film démarre bien, mais se heurte rapidement à un étrange constat : bien que nourri de réalité, « Lignes de front » finit par être sinon invraisemblable, du moins maladroit dans sa manière de traduire le traumatisme d’un reporter de guerre.