Toutes les critiques de Les trois singes

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gael Golhen

    Dans son nouveau film, Nuri Bilge Ceylan raconte la dissolution d’une famille rongée par les secrets. Une tragédie grecque à la turque qui montre un père, une mère et leur fils empêtrés dans un poisseux roman noir et des dilemmes « dostoïevskiens ». Depuis sa dernière claque (Les Climats), rien n’a changé : même si Ceylan abandonne la veine autobiographique et emploie pour la première fois des comédiens professionnels, il y est toujours question d’incommunicabilité, de culpabilité, de solitude et de ciel délavé. Le cinéaste signe un nouveau film plastiquement sublime, flirtant sans cesse avec l’ennui mais réussissant toujours à redresser la barre grâce à un humour étrange et un dynamitage des genres assez fascinant.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Alexis Campion

    Le film impressionne par sa beauté plastique, ses comédiens poignants, sa photographie magique, sa bande-son d'une précision étonnante avec ses silences et ses différés.

  2. Fluctuat

    Les Trois Singes de Nuri Bilge Ceylan, récompensé par un Prix de la mise en scène mérité à Cannes 2008, est une réussite formelle indéniable. Un peu trop théorique et contemplative, cependant, pour émouvoir vraiment. Le chauffeur d'un homme politique accepte d'endosser la responsabilité d'un accident de la route commis par son patron, peu avant les élections. Celui-ci craint le scandale et lui promet une somme d'argent en échange de sa condamnation (un an de prison). La femme et le fils du chauffeur deviennent complices du mensonge, l'acceptent plus ou moins, mais en subissent rapidement les insoupçonnables conséquences, en raison de leurs caractères différents, de leurs aspirations, manques ou carcans moraux respectifs. Après avoir décortiqué la fin d'un couple en se mettant lui-même en scène (Les Climats), Nuri Bilge Ceylan fait à nouveau preuve d'une rare minutie pour ausculter, cette fois, les conséquences d'un mensonge sur les rapports d'une famille dont les membres s'enferment dans les non-dits. D'où Les trois Singes du titre, qui font référence aux Singes de la Sagesse, porteurs de la maxime « Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ». Dans la mythologie chinoise, ces préceptes protégeaient du mal. Chez Ceylan, ils sont à l'origine de la gangrène qui s'insinue pernicieusement dans les rapports humains.Peu bavard, son film témoigne d'un joli talent, déjà bien établi, dans l'art de composer des plans à la fois beaux et signifiants. Grâce à sa caméra HD, il enregistre chaque soubresaut émotionnel des protagonistes, toujours à la bonne distance, grâce à de très belles images aux teintes étranges, presque abstraites, qu'il explique avoir désaturées en postproduction. S'il s'intéresse aux âmes de ses personnages, il n'en néglige pas pour autant son décor qui peut se comprendre comme une illustration de la cartographie mentale perturbé de chacun. Ainsi, la maison, mince et délabrée, coincée entre une voie ferrée, des routes et de nombreux fils (téléphone, électricité) semble caractériser le trouble né d'influences multiples et inextricables. A l'image des volontés des personnages, toujours droites, parallèles aux autres et donc incapables de se rejoindre. Ce sentiment est accentué par une bande-son nourrie des bruits de la ville dont il est difficile d'extraire l'essentiel avec lucidité. Mais avec ce film contemplatif et un peu théorique, à peine zébré de quelques éclairs de colère, Ceylan peine à captiver sur la durée. Sa permanente recherche esthétique nous maintient à distance de l'émotion que le récit devrait susciter. Probablement à cause de la froideur d'une composition ostentatoire qui finit par détourner l'attention du fond au profit de la forme. Une petite déception. Les Trois singesDe Nuri Bilge CeylanAvec Ahmet Rifat Sungar, Hatice Aslan, Yavuz Bingol  - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils festival de cannes, sélection officielle sur le blog cinéma- Lire la critique des Climats