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Peut-on raisonnablement faire marrer avec un quintuple meurtre ? Persuadé qu’il y a de l’humain à décortiquer (et donc du rire à créer) derrière la glauquissime affaire Xavier Dupont De Ligonnès, Jean-Christophe Meurisse s’empare crânement du sujet à travers une comédie. Coutumier du mélange entre morbide et absurde - les très réussis Apnée et Oranges Sanguines -, le metteur en scène de la troupe de théâtre des Chiens de Navarre transforme XXDL en Paul Bernardin (impérial Laurent Stocker), parti vivre sa meilleure vie en Argentine après avoir zigouillé toute sa famille. À Dijon, Léa et Christine (Delphine Baril et Charlotte Laemmel, duo de godiches à pleurer de rire), enquêtrices du dimanche obsédées par Bernardin, apprennent qu’il aurait été arrêté dans Nord de l’Europe… Toute ressemblance avec Guy Joao n’est évidemment pas fortuite. Constamment provoc’ mais rarement obscène, Meurisse va chercher dans la réalité ce qu’il y a de plus tordu pour l’amarrer à son propre univers déjà bien déjanté. Sans trop de coquetteries dans la réalisation, il mise surtout sur sens épatant du dialogue et de la direction d’acteurs. Et sous ses airs de farce noire qui se paye la tronche d’une société accro aux true crimes et aux faits divers, Les Pistolets en plastique laisse en fait transparaître une réflexion bien plus profonde sur la définition d’un monstre (pas toujours celui qu’on soupçonne) et notre incapacité à détecter notre propre part de sauvagerie. Inhumains, après tout.