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L’espiègle cinéaste, antisarkozyste déclaré, y donne le principal rôle d’adulte à Valeria Bruni-Tedeschi (elle joue une mère sympathisante), dont on se demande si elle a accepté par activisme, par provocation, pour le rôle ou pour tout ça à la fois. Voir la soeur de Carla Bruni militer contre les quotas de reconduite à la frontière fait partie des choses amusantes du film qui, sous le couvert d’une fable distanciée, se plaît à commenter la France d’aujourd’hui, comme à travers cette phrase dite par la vieille dame au début : « C’était en 2008- 2009. Je ne me souviens plus qui était le président... » OEuvre engagée, Les Mains en l’air est aussi – et surtout –, un film sur l’enfance. Proche dans l’esprit des anarchisants Zéro de conduite et Les 400 Coups, il filme bien ces gamins qui font du trafic de DVD et utilisent des portables dont les sonneries à ultrasons ne sont pas audibles par les adultes ! L’énergie déployée par les jeunes interprètes, leur naturel, leur sens de la réplique sous-tendent le discours politique sans pour autant faire des Mains en l’air un film politique ! Romain Goupil est décidément un malin, doublé d’un vrai cinéaste.
Toutes les critiques de Les mains en l'air
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le difficile positionnement des parents est particulièrement bien vu dans cette fiction, qui repose toutefois beaucoup sur les "petits", dont le jeu se révèle un peu inégal. Reste la pertinence de l'analyse et la rare qualité, chez un réalisateur français, de se pencher sur l'actualité immédiate de son pays...
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Valéria Bruni Tedeschi dans un film qui dénonce la situation des sans-papiers, cela vaut tous les discours et toutes les prises de position politiques. Etrangement, on est souvent ému aux larmes, alors que cette comédie se situe plmutôt dans la lignée de La guerre des boutons et qu'elle est visible par des enfants. Seul bémol qui n'est pas l'essentiel du film : le point de vue sur l'école est assez caricatural et démagogique.
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Une des tentations du cinéma de l’enfance est de congédier le monde, celui des réalités sociales, des adultes, et d’arpenter l’univers du conte et les chemins d’une poésie un peu automatiquement associée à l’enfance. Le charme du film de Romain Goupil tient à un entre-deux. Il revisite avec un certain bonheur l’imagerie d’Epinal du cinéma d’auteur français voué à l’enfance (disons le Truffaut de L’Argent de poche), montre en quoi l’enfance constitue une bulle, avec sa géographie imaginaire propre (cachettes, greniers, mots de passe et cachotteries jalousement gardés). Mais il articule cette mythologie à une vision critique et politique de la France d’aujourd’hui, les expulsions de sans-papiers, les agissements de la police, les réflexes militants, ou simplement humains, des citoyens qui s’insurgent contre l’application de lois injustes.
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Avec Les mains en l'air, Romain Goupil – cinéaste connu pour des films engagés comme Mourir à trente ans (1982) ou Une pure coïncidence (2002) – signe une œuvre tonique et tendre autour de jeunes héros ennemis de l'injustice. Bien qu'il dénonce clairement le traitement inique subi par les familles de sans-papiers, le cinéaste se défend d'avoir réalisé une œuvre militante.
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(...) Romain Goupil se défend de réaliser un film engagé, puisqu’il n’est pas possible selon lui d’affirmer, à l’inverse, qu’un film est désengagé. Pour être fidèle à son intention, disons que Les mains en l’air est une œuvre qui porte un regard solidaire sur la condition des sans-papiers en France. Bien qu’il s’agisse d’un thème éminemment politique et actuel, le cinéaste fait le choix de développer son discours par le regard d’enfants, véritables figures de proue de ce long-métrage, offrant une distance et une certaine légèreté à ce drame.
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Mais le film est un conte, et on l'aime pour ça. Une ode au militantisme buissonnier, à ces résistants en herbe qui finissent par se terrer dans leur tanière, refuge ignoré des grands. Par moments, le regard de Romain Goupil sur les enfants rappelle celui de Jacques Doillon, si fort et si juste. A l'image de ses interprètes (notamment la fondante Louna Klanit, qui joue la petite Alice, embêtée par l'orthographe du mot Pyrénées !), ce film tendre, où la politique mesure 1,30 m, ne fait jamais la leçon. Et il rappelle que l'engagement, ce devrait être l'enfance de l'art.
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Ne loupez pas cette réjouissante tragi-comédie, et surtout emmenez-y des gamins: c'est si rare que le cinéma leur permette d'appréhender, avec autant de finesse, le monde qui les entoure.
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Romain Goupil ne fait pas la morale, il n'a pas de message à faire passer, sinon celui de l'insurrection de principe, de la prise de conscience, de la nécessité de se muer en perturbateur. Fin renard, il le fait avec le sens du ludique. Ce sont les enfants qui vont faire preuve d'une solidarité et d'une rébellion efficaces, et les parents, le lycée, la police ne pourront pas plus faire face à la disparition de ce groupe de jeunes résistants qu'à la situation mise en place par le ministère de l'intérieur.
Cette veine proche d'un François Truffaut (le film s'adresse autant, sinon plus, aux enfants qu'aux adultes) affiche une cohérence à la fois autobiographique et thématique dans l'oeuvre de Goupil. -
Pour Romain Goupil, la cause est entendue. Il y a les gentils d’un
côté et les méchants de l’autre. Cependant, on aurait tort de sourire. Bien sûr qu’un propos plus nuancé aurait été apprécié mais sa générosité est à la hauteur de l’urgence sur le terrain. Pour qu’un bout de papier qui manque ne vide pas les cours de récréation. -
Cinéaste inégal, foutraque et sympathique, Romain Goupil arpente des terrains peu (pas) défrichés et la bonne humeur du film amuse. Mais le scénario est trop flemmard et pas assez enlevé pour convaincre. Et ce qui devait être un film d'aventures autant qu'un coup de gueule bienvenu tourne au pétard un peu mouillé.
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Les Mains en l'air, qui ne dit absolument rien de l'éprouvante condition des sans-papiers (qu'on n'entend de toute façon presque jamais), s'inquiète plutôt des tracasseries morales que leurs expulsions occasionnent à la petite bourgeoisie altermondialiste qui les entoure. Attention, pas les enfants de bobos, ni les trentenaires nantis du tertiaire, mais les omnipotents soixante-huitards, érigés ici en Jean Moulin des temps modernes. Comme Goupil par exemple, qui, pur hasard, incarne lui-même un parent d'élève modèle, patriarche encore vert dont les gamins repompent les slogans de sa jeunesse (« Nous sommes tous des Milana »). Plus lourd encore, le rôle de l'icône anti-Sarkozyste revenant à Valeria Bruni-Tedeschi, choix de casting révélateur du niveau de subversion du l'ensemble, aussi dérangeant qu'un groupe de rap de Neuilly. Pas sûrs qu'avec de tels soutiens, les clandestins puissent rêver un jour de régularisation massive.