-
Avec son dernier long métrage, le réal kurde Hiner Saleem fait -en creux- le portrait de nos sociétés hébétées d'embonpoint qui laissent leurs vieillards condamnés s'enfoncer dans le noir ou crever dans leur coin. il signe aussi un film d'une grâce et d'une poésie folles sur le lent et très digne naufrage d'un homme. Naufrage déchirant et quasi muet, ici, seuls les gestes parlent [...]. Solidarité des plus démunis, radeau fragile d'une rencontre avec une jeune fille lumineuse et sans logis, amour montré mais non dit... Hiner Saleem peuple la solitude de Marcel et joue d'un onirisme marqué par l'envol. Pour tenir un défi pareil, il fallait un comédien exceptionnel, capable de nourrir chaque plan de ses regards, de ses soupirs ou de ses gémissements. Mouvements lents et las, coup de fil pudique au fils frappé de cécité, sourire sans joie, Piccoli, prix d'interprétation incontestable au festival de Locarno, est celui-là.
Toutes les critiques de Les Toits De Paris
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
C'est la singularité et la beauté de Les Toits de Paris que d'être un film à thèse dont le propos n'est jamais énoncé. Tout passe dans une espèce de chorégraphie des derniers jours de la vie, un lent trajet vers le néant ponctué de moments de grâce.
-
Sous les toits de Paris, moins bohèmes que dans la chanson, vit Marcel, un vieil homme. Une chambre de bonne sans confort, toilettes sur le palier, murs décrépis, pas d’ascenseur. Presque la misère. L’entourage : un fils lointain et indifférent, deux voisins dont un jeune homme qui meurt et son compagnon, Amar, répétant qu’il va repartir au pays, finissant par le faire. Le café familier qui ferme. Et Marcel, seul soudain au bout de ce long couloir crasseux et sinistre où les pas résonnent… Le réalisateur du beau « Vodka lemon » ne parle pas tant de vieillesse que de la solitude à tout âge. Il nous serre le cœur et pourtant rien de misérabiliste, rien de sordide dans cette fin de vie, cette vie qui fuit petit à petit, quand le corps lâche. Hinar Saleem filme avec empathie et poésie cette humanité, illuminant son film de scènes pleines de grâce, silencieuses (comme le film, presque muet), bouleversantes. Filmant magnifiquement la tendresse d’un dernier amour, des mains qui se caressent, des corps qui dansent, se tenir chaud encore un moment une dernière fois.
-
Hiner Saleem filme alors des regards et des rires - politesse ou simple défense contre le malheur et la solitude. Il laisse deviner des souffles, aussi, qui enflent, deviennent des plaintes, des gémissements, dès lors que Piccoli - génial comme il sait être - se rapproche de la mort...
-
Le constat d'une société qui condamne la solitude est juste. Michel Piccoli joue magnifiquement le naufrage de l'âge, la pudeur et la dignité humaine. Mais le film, à mi-temps, s'essoufle, semble hésiter sur les chemins à suivre. C'est alors l'intérêt qu'on lui porte qui marque le pas.