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Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Prix Un Certain Regard à Cannes et Valois de Diamant à Angoulême, le premier long de Lise Akoka et Romane Guéret – prolongement de leur court Chasse royale - débarque précédé par une réputation flatteuse et non usurpée. Celle qui furent directrices de casting enfants mettent en scène le casting, la préparation et le tournage d’un film au cœur d’une cité de Boulogne- sur- Mer par le prisme de quatre ados aux caractères bien trempés repérés sur place, choisis pour en être les héros. Nulle trace ici de stigmatisation des quartiers populaires ou à l’inverse de glamourisation de la misère sociale. Maîtrisant leur sujet sur le bout des doigts, les deux réalisatrices questionnent la responsabilité du cinéma quand il déboule dans des lieux en souffrance avant d’en repartir comme ils sont arrivés. Ne vient- il pas fracasser tout le travail minutieux de fond effectué par les associations sur place pour rendre la vie meilleure en suscitant des espoirs impossibles à tenir ? Et emporté par les natures irrésistibles réunies devant sa caméra, un cinéaste ne risque t’il pas parfois de renforcer les stéréotypes qu’il ambitionnait de bousculer ? Les deux réalisatrices embrassent la complexité de ces questionnements dans une écriture toute en nuances des situations comme de leurs personnages, incarnés par des néo- comédiens qui crèvent l’écran. Parmi eux, une pure pépite : Mallory Wanecque. Une présence démente, une justesse insensée et une puissance de jeu inouïe. On parie sans grand risque que cette première expérience ne restera pas, pour elle, sans lendemain.