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Comme chaque été, le sud de la Corse est colonisé par des nuées de touristes français s’entassant brutalement sur ses plages paradisiaques tels des moustiques attirés par une
ampoule. En marge de cette invasion saisonnière par les « Gaulois », quelques ados commettent un larcin qui va disloquer leur entente et révéler leurs tensions. À travers le parcours tragique de ce quintet d’« Apaches », le premier film de Thierry de Peretti saborde l’image d’Épinal de l’île de Beauté pour en scruter l’envers inquiétant, nocturne, interlope. Au-delà du sable chaud, il y a des zones commerciales glauques, la mafia locale, la violence sociale, le racisme entre les communautés marocaine et corse. Le chant des cigales se noie dans le bourdonnement des mouches, la mort rôde. Mais nulle complaisance voyeuriste chez le réalisateur, qui met en lumière la face sombre de son territoire natal dans un élan sensoriel et lumineux. Captés au plus près des corps et des visages dans un format d’image carré, ses adolescents ressemblent à ceux de Larry Clark. Ils brûlent l’existence par les deux bouts avec ce qu’ils ont sous la main : sexe, alcool et snuff movies sur leurs smartphones. Penser à l’avenir en termes d’objectifs, de CDI, de caps à passer ? « Plutôt être mort », répond l’un d’entre eux en tirant sur sa clope. Magnétisé par d’attachants acteurs amateurs pleins de vitalité, au bagout musical et au physique très contemporain, ce teen movie corse atteint de beaux degrés d’incandescence.
Toutes les critiques de Les Apaches
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une île livrée au tourisme balnéaire alors qu’appartenant à un peuple de montagnards. Ces apaches sans plumes, dérangeants, militants et perdus, sonnent juste. Un moment de cinéma vérité.
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Apre et révoltant, Les Apaches synthétise toute la tragédie de l’atavisme corse.
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Tendu, affirmant de vrais choix de mise en scène et emmené par une poignée d’acteurs non professionnels épatants, "les Apaches", allusion au western et aux bandes des "fortifs" parisiennes, laisse un souvenir prégnant
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Les jeunes acteurs des « Apaches » sont débutants et se révèlent tous vraiment excellents.
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Le malaise de la jeunesse, la frustration et le racisme suintent sous la carte postales de vacances.
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Thierry de Peretti passe derrière la caméra pour filmer son île d’origine : la Corse. Entre regard personnel amoureux et réalité inquiétante l’homme fait le portrait d’une île dont la beauté n’est qu’apparente. Un premier film maîtrisé de bout en bout qui témoigne du poids d’un déterminisme social et des extrémités auxquelles il peut conduire.
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Thierry de Peretti enracine son récit dans une veine documentaire tout à fait probante. (...) Le film est moins convaincant dans sa dramaturgie, (...) renvoyant à une mythologie coriace dont l'auteur avait pourtant fait le voeu de se détacher.
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Le réalisme du film (...) est d'autant plus efficace qu'il donne à cette histoire, inspirée d'un fait divers, sa vraie mesure. Un côté minable, terriblement dérangeant.
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Comédien originaire de Corse, Thierry de Peretti a réalisé son premier long métrage en le plantant dans le contexte bien typé de cette île, celui dont les médias font régulièrement leurs choux gras avec trop de facilité. Il y a de quoi craindre une tentative de film sur la Corse, sur les idées véhiculées à son sujet (l’insularité, le traditionalisme, la violence) – et on sait que les films se piquant de prendre une minorité pour sujet sont rarement bien avisés, menacés d’accréditer sournoisement la discrimination du regard à leur égard. Heureusement, ces Apaches savent prendre d’autres hauteurs.
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Pendant que les touristes envahissent les plages et les rues de Porto-Vecchio, Thierry de Peretti suit la dérive du groupe, sa dislocation jusqu’au meurtre. Sa mise en scène sèche, sans pathos, installe une tension permanente. La peur, la violence, le racisme de classe et de couleur de peau, transpirent à chaque plan. La dernière séquence montre la jeunesse dorée en villégiature, batifolant dans la piscine de la maison cambriolée. Les jeunes gens en maillot de bain semblent apercevoir la caméra qui les filme. Ils cessent peu à peu de danser et regardent l’objectif. No one is innocent ?
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Au-delà du fait divers dont il s’inspire, Les Apaches montre une guerre larvée qui se joue sous le vernis policé de la culture occidentale. Un premier film coup de poing.
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Jamais plus on ne regardera les paysages corses comme des cartes postales. Peretti filme les corps en été, la nervosité, l'amitié qui vole en éclats, la tradition qui peine à masquer le racisme et l'omerta. Tout cela est inspiré d'un fait divers authentique. Le folklore en prend un coup. On aura beau rameuter tous les sociologues de France et de Navarre, il restera de l'inexplicable. On assiste à un avenir en train de se foutre en l'air, au spectacle d'une morale qui explose sous une volée de chevrotines. Il s'agit de mots bien graves pour un film qui est simple, direct, âpre, concret.
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Les Apaches n’est pas seulement un drame social et une vue en coupe de la Corse, c’est aussi un beau teen-movie porté par des acteurs débutants mais tous remarquables. Teen-movie certes, mais la scène d’ouverture était une fausse piste : Les Apaches évoque plus les écorchures des ragazzi pasoliniens ou la fièvre des olvidados buñueliens que le cauchemar climatisé de Sofia Coppola et du nowhereland californien plaqué or.
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es Apaches est un film qui n’a pas peur d’embrasser la nuit avec les yeux, y déposant des touches de couleurs comme autant de lucioles solitaires, aux propriétés aussi mélancoliques que luminescentes.
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De là, les Apaches égrène les perspectives, de la culture locale du meurtre à la satire du bourgeois en villégiature, acoquiné avec le premier voyou venu, en passant par l’esquisse d’une assez belle relation entre l’un des gamins et son père, homme de maison de la villa. Le film ne s’aventure jamais vraiment sur aucune des pistes qu’il se fraie, comme si son regard et ses promesses demeuraient dans un flottement indécis, en suspension.
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Premier film qui a les défauts de ses qualités. Spontané, instantané et percutant. Mais aussi naïf, un peu vain et in fine facilement oubliable.
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Dans une ambiance aussi âpre que la montagne corse, la tragédie en marche des Apaches distille une tension prenante mais aussi un sentiment de malaise face au racisme anti «Gaulois» et anti-Arabes des insulaires. Sans oublier un certain humour, qui permet de reprendre son souffle.
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La dramaturgie du film reste en decà de ses qualités formelles, et fait de ses Apaches un simple film de plus sur un sujet souvent abordé. Pas un film en plus.
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Le film observe une jeunesse désœuvrée, socialement frustrée, mais en même temps charismatique et pleine de vitalité à la manière des ragazzi des premiers Pasolini. Mais dès que le film se risque sur le chemin de la fiction et du cinéma de genre, il convainc un peu moins.
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Thierry de Peretti à force de rester opaque, raconte finalement assez peu de chose.