- Première
Le documentaire ressemble à l’écriture du récent Prix Goncourt. Précis, éthéré, sensible, sans hubris. Simple mais terriblement puissant. Il retrace, à travers des images de la caméra super-8 et les commentaires rétrospectifs d’Annie, la vie familiale et banale de la famille Ernaux entre 1972 et 1981. La mère et les deux rejetons sont aux avant-postes. L’ex-mari, dont elle s’est séparée en 1981, reste derrière la caméra. Il filme un déjeuner de printemps dans le jardin, les enfants qui chahutent, une visite chez un proche, le déballage des cadeaux de Noël, les vacances au Maroc ou au Chili. Se dessine, en creux, la mémoire des années 1970, d’une classe sociale (plutôt bourgeoise). Et d’une mère-épouse-travailleuse, une de ces « femmes gelées » qui rêve secrètement d’écriture. Si l’ensemble n’est pas incroyablement novateur, il saisit, par quelques mots justes, un fragment d'intimité. Touchant.
Estelle Aubin