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Manque de chance, avec sa mécanique de vaudeville antédiluvien, son absence de charme (le génie du cinéma italien est pourtant de nous faire croire instantanément aux familles qu’il dépeint) et, surtout, son éruption de mauvais goût lorsque débarque une horde de gays romains, Le Premier qui l’a dit a tout de ces casseroles que traînent parfois les bons cinéastes. Dans ce contexte globalement calamiteux, trois séquences fortes réussissent cependant l’exploit de s’épanouir : un coming out littéraire, un suicide pâtissier et un épilogue joliment poétique. Mais, à ce moment-là, le mal est déjà fait depuis beaucoup trop longtemps.
Toutes les critiques de Le premier qui l'a dit
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ferzan Ozpetek, qui a également pratiqué le mélodrame, ne fait pas dans le détail. Quand il décide de réaliser une comédie sentimentale, il ne recule devant rien pour faire sourire. Il a beau affubler la famille d'un terrible secret, révélé au fil de flash-back assez irritants, il ne peut s'empêcher de revenir très vite à la caricature affectueuse, aux situations outrées et convenues qui découlent du quiproquo initial.
Il y met une espèce de naïveté (qui se retrouve dans ses tics de mise en scène, avec des mouvements de caméra envahissants) attendrissante. On se prend à plaindre ce pauvre Tommaso, dont la situation n'est pourtant pas si inextricable - il suffirait d'une bonne explication -, à trembler avec lui quand un quarteron d'amis très gays débarque dans la maison familiale. Cette visite surprise est l'occasion de la meilleure réplique du film : à son compagnon qui lui fait remarquer que sa famille ne peut être si rétrograde puisque, après tout "on est en 2010", le héros répond "justement, on n'est plus en 2000".
Ce trait et quelques autres allusions replacent cette comédie estivale dans l'Italie d'aujourd'hui et donne assez d'épaisseur au Premier qui l'a dit pour que l'on sorte du cinéma parfaitement détendu sans être pour autant abruti.
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Lorsque le réalisateur s'attache aux questions de fond comme la projection des parents sur leurs enfants, les rivalités fraternelles et la possibilité de vivre librement et naturellement sa relation amoureuse, le film atteint tout de même de la profondeur et offre des moments touchants.
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Retour de la comédie à l’italienne avec cette histoire de famille qui associe la comédie à la critique sociale. Etre gay en province au pays des machos, dans une famille traditionnaliste, n’a rien de facile. Dans cette région, « où les gens grossissent pour montrer qu’ils ont des sous », on ne rigole pas avec la famille, le nom, la filiation. La peur au ventre que ne soit découvert ce secret honteux n’empêche pas papa de cocufier maman - laquelle l’accepte -, ni chacun de faire semblant de croire que des voleurs viennent la nuit visiter la chambre de tata qui picole en douce… La caricature frôle cette bonne famille de la bourgeoisie, hypocrite, pathétique et ridicule dans laquelle l’arrivée des amis romains de Tommaso est un grand moment comique du film.
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Fidèle à la tradition italienne, l’auteur ne multiplie pas les gags et le spectateur ne doit pas s’attendre à mourir de rire en visionnant ce petit film basé essentiellement sur le comique de situation. On est séduit par le ton frais de l’ensemble et ceci même si le cinéaste a recours à bon nombre de clichés (le père homophobe hystérique et cardiaque, la mère cocufiée, la tante vieille fille frustrée et les copains homos bien efféminés). Ne faisons toutefois pas la fine bouche : la sauce prend et l’intrusion des copains gays qui tentent tant bien que mal de masquer leur homosexualité à la famille de leur pote est un grand moment de comédie qui rappelle par instants La cage aux folles. Dans un complet contre-emploi, Riccardo Scamarcio est très convaincant car il parvient à trouver le ton juste entre la légère préciosité de son personnage et sa naturelle virilité. Loin d’être parfait (la réalisation est quand même bien plate), Le premier qui l’a dit constitue une agréable comédie estivale, uniquement destinée à faire passer un agréable moment.
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Le film démarre sur un ton dramatique façon Festen pour virer à la comédie gay avec la bande de copains homos et forcément exotiques qui débarquent à l’improviste. Le passage entre les deux n’est pas toujours évident, mais émotion et rires sur fond de tolérance font souvent mouche.