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Le monde de la production indépendante en France est rude, et Mia Hansen-Løve se charge de nous le montrer de l’intérieur, le coeur battant, dans toute l’étendue de sa solitude. Mais ce n’est pas seulement l’histoire d’une vocation. C’est surtout un film
incroyablement noble et d’une simplicité désarmante sur ce que c’est que d’avoir du cran : celui de produire des films dont on sait
déjà qu’ils ne rapporteront rien, mais aussi celui de survivre au suicide d’un père ou d’un mari. Le Père de mes enfants fait partie de ces films rares qui mettent leur coeur et le reste sur la table.
Toutes les critiques de Le père de mes enfants
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le film, avec beaucoup de sensibilité, évite tous les écueils, dont celui de l'auto-appropriation excessive, laissant respirer et flotter la mémoire d'Humbert Balsan sans la verrouiller. Beaucoup de générosité est déployée dans ce portrait nourri de piété filiale noblement confucéenne, sous le signe de la reconnaissance et de la gratitude.
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Le Père de mes enfants est un film sur l'amour du cinéma, la création collective, le travail obscur de ceux qui oeuvrent en coulisses, l'engagement. On y voit un homme exerçant son métier avec noblesse. Le film ne s'adresse pas pour autant aux seuls professionnels du cinéma. C'est d'abord un film sur la famille. Tout cela est orchestré avec un tact extrême, dans une mise en scène douce et mélodique, pétrie d'une émotion qui surgit de la vérité des êtres. Magnifique directrice d'acteurs, Mia Hansen-Love évite le piège du film crépusculaire (mort d'un homme, fin d'un mode de production cinématographique). Elle filme Paris comme au temps de la Nouvelle Vague, et n'a pas son pareil pour capter l'énergie des enfants. La grâce, tout simplement.
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Mia Hansen-Love n'essaie jamais d'épater la galerie, elle a un don pour le casting et la direction d'acteur.
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Cette ancienne rédactrice des Cahiers du Cinéma, âgée de seulement vingt-huit ans, réalise ici un film aussi douloureux que limpide, apaisé.
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(...) ce film, inspiré de la vie du producteur Humbert Balsan, figure du métier qui mit fin à ses jours durant l’hiver 2005, nous en apporte la douloureuse démonstration. Rarement, on aura vu le cinéma au travail côté coulisses, côté finances, montré avec autant d’intelligence et de vérité. On ne peut qu’être bouleversé par ce film et cet itinéraire, cette solitude au milieu des ombres et des lumières du 7e Art. Ce deuxième long métrage de Mia Hansen-love, servi par une belle interprétation et une splendide direction d’acteurs, est une œuvre subtile, sensible et rare, un magnifique moment de cinéma.
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Difficile d'être plus convaincant que Louis-Do de Lencquesaing, qui prononce chacune des phrases comme si elles étaient de lui. Il y a aussi la découverte d'une jeune actrice : Alice de Lencquesaing, fille de son père à la ville comme à l'écran. Dommage que la deuxième partie [du film] où l'on voit l'idéalisation se briser comme le socle du réel, ne soit pas plus développé.
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Le film n’est pas un feel good movie et ne s’achemine pas vers une résolution de tous les problèmes. Il n’y a dans le récit aucune édulcoration des difficultés d’une vie. Mais il y a une décision, morale en quelque sorte. Celle de se situer, au-delà du désastre, du côté de ce qui survit, se reconstruit, et de dépasser la noirceur pour toujours dégager une éclaircie. Tourné vers la lumière et la douceur, tel est le cinéma de Mia Hansen-Løve, encore jeune mais déjà, en seulement deux films, très constitué.
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Il souffle dans « le Père de mes enfants » une douceur douloureuse et calme, proche du bonheur qui préside parfois à la création.
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Son film, construit en deux parties, évoque d'abord le désespoir progressif d'un homme écrasé par ses responsabilités. Puis l'existence des femmes de sa vie (son épouse, sa fille) sans lui. Mia Hansen-Love parle ici de filiation tout en emportant le spectateur dans le tourbillon de la vie.
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La caméra de Mia Hansen-Love capte les instants d’abattement avec distance, les personnages toujours au milieu d’une pièce ; la cinéaste choisit la pudeur pour favoriser l’expression du vide laissé par l’être cher. Les décors, les lieux traversés par les protagonistes sont longuement présentés, les détails des murs visibles, les panoramiques nombreux dans les rues de Paris. Grégoire pourrait être partout, son absence est omniprésente. Il manque. Ainsi, Le père de mes enfants, subtile peinture du deuil et de la famille est une œuvre remarquable qui ne cède jamais à l’apitoiement facile et bouleverse sincèrement.
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Pour qualifier le style d'un cinéaste, on évoque souvent la durée des plans, le rythme du montage, le jeu des acteurs. Rarement la lumière. Mia Hansen-Love nous en offre l'occasion : on retrouve en effet cette clarté à la fois minérale et à fleur de peau qu'on avait tant aimée dans Tout est pardonné. Une luminosité presque sacrée. Pas de saint à l'horizon pourtant, simplement un homme d'aujourd'hui qui rayonne : Grégoire Canvel, producteur de films qui ressemble beaucoup à un autre producteur, fameux, Humbert Balsan, disparu brutalement en 2005.
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La réalisatrice de Tout est pardonné évite tout artifice superflu pour faire partager le quotidien pénible de ses personnages, interprétées par d'excellents comédiens peu connus. C'est grâce à ce choix de sobriété que son récit émeut, sans être le moins du monde mélodramatique.
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A travers ce personnage profondément humain, ce film sensible et nerveux nous ouvre les portes du métier méconnu de producteur indépendant, loin des clichés bling-bling du nabab à cigare. luis-Do de Lencquesaing incarne, avec un naturel et une élégance rares, ce capitaine pris dans une tempête financière et qui préfère se suicider juste avant que son bateau ne sombre. La richesse de ce film est qu'il ne s'arrête pas à la disparition du personnage principal, il continue comme la vie, même si, au bout du compte, il y a toujours le mot "fin".
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Ce portrait-fiction d'Humbert Balsan, mort en 2005, est trop proche de son sujet pour dépasser le simple hommage.
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Une séquence bouleversante pour témoigner du cinéma à la fois comme un virus et une immunité.(...) Rarement hommage aura été si juste.
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Inspiré par la fin tragique d'Humbert Balsan - patron d'Ognon Pictures, qui s'est suicidé en 2005 -, le deuxième long métrage de la jeune Mia Hansen-Love («Tout est pardonné») a fait pleurer le dernier festival de Cannes, où il a décroché une mention spéciale dans la sélection Un Certain Regard. Coupé en deux, le film passe d'une peinture vaguement codée et volontairement sans éclat du métier de producteur, à la description sensible d'un deuil. Porté par des acteurs convaincants, l'ensemble manque un peu d'étoffe mais pas d'intérêt.