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Un auteur est-il nécessairement une personne cultivée ? C’est la question centrale qui traverse Le Mystère Henri Pick, dont le récit nous conduit au fin fond de la Bretagne où une jeune éditrice découvre un manuscrit dans une bibliothèque accueillant tous les livres refusés par les éditeurs. Là, dans un amas de médiocrités, elle tombe en arrêt sur cette pépite cachée, écrite par Henri Pick, pizzaïolo mort deux ans plus tôt, qui n’avait jamais montré d’intérêt pour la littérature. Le roman devient un phénomène littéraire. Tout le monde crie au génie sauf un homme : Rouche (Fabrice Luchini), animateur d’une émission littéraire. Il doute sérieusement du miracle, subodorant que le piège du marketing mettant en scène les instants warholiens de gloire fugace a encore frappé. Le film raconte donc la quête effrénée de vérité de cet empêcheur d’encenser en rond. Et devient un Luchini movie auquel Bezançon a cependant adjoint la toujours impeccable Camille Cottin en étoffant – par rapport au roman de David Foenkinos – le rôle de la fille de Pick, elle-même à la recherche de la vérité. Mais si le tandem d’acteurs fonctionne à merveille, le cinéaste a oublié ce qui constituait l’un des charmes de son deuxième long, Le Premier Jour du reste de ta vie : la place essentielle laissée aux personnages secondaires. Malgré le talent de leurs interprètes (Alice Isaaz, Bastien Bouillon...) ils n’ont pas d’espace dans le récit pour exister et la narration y perd en puissance. Jusqu’à une résolution bâclée qui résume l’état de frustration dans lequel laisse le film.