Le déjeuner du 15 août

Pour son premier film, Gianni Di Gregorio, coscénariste de Gomorra, réussit une lucide chronique de mœurs familiales. Sans la dérision ni la méchanceté nécessaires pour signer ici le retour tant attendu de la comédie italienne.

Ce film nous vient du diable vauvert et connaît un succès spectaculaire en Italie. Son auteur, Gianni Di Gregorio, jusqu'alors assistant, scénariste, y raconte une histoire en grande partie autobiographique, avec la faconde bonhomme d'un Ugo Tognazzi ou d'un Nino Manfredi. (...) L'auteur, qui cherchait vainement l'acteur susceptible d'interpréter le rôle principal, confesse : "Alors que j'expliquais à l'équipe qu'il fallait trouver un homme d'âge mûr, plus ou moins alcoolique, ayant vécu des années avec sa mère, tous les visages se sont tournés vers moi."

Gianni Di Gregorio sait faire vivre ses personnages et transformer ce 15 août romain en un petit théâtre savoureux, duel puis apprivoisement d'ego spectaculaires. Les échappées dans la ville - principalement en quête de ravitaillement - apportent une indolence bienvenue, tout en ancrant le récit dans la réalité : celle de gens de peu qui se débrouillent avec orgueil et panache. La dignité souriante que leur confère le cinéaste fait vraiment plaisir à voir.