Toutes les critiques de Le Sentiment de la chair

Les critiques de Première

  1. Première
    par Bernard Achour

    Après Rage, Faux-semblants et Crash, de David Cronenberg, il fallait une sacrée dose de confiance en soi pour s’attaquer à un sujet pareil, et supporter la comparaison, aussi inévitable qu’écrasante, avec l’ombre pesante du prince canadien de la transgression organique. Pourtant, Roberto Garzelli réussit le petit exploit de ne pas en sortir complètement laminé. Sa mise en images est certes bien timide (le manque de moyens y est peut-être pour quelque chose), sa direction d’acteurs semble davantage porter ses fruits sur la fièvre de Thibault Vinçon que sur l’expressivité d’Annabelle Hettmann, et certains pics dramatiques n’atteignent pas toute l’intensité voulue. Mais le processus de « contagion » est observé avec suffisamment d’acuité poétique et sexuelle pour susciter un authentique début de vertige, jusqu’à un épilogue effleuré par une ombre cette fois bienfaisante : celle du romantisme des origines, absolu passionnel auquel le cinéma français ne se frotte que trop rarement.

Les critiques de la Presse

  1. Paris Match
    par Alain Spira

    Tendu comme un thriller, cet étrange premier film, adroitement maîtrisé, est une allégorie de l'amour fusionnel. Par la présence, les deux acteurs principaux donnent corps à cette spirale sous rayons X. En faisant passer une échographie à la soif d'amour absolu, cette oeuvre, parfois à la limite du supportable, invente le romantisme médicalement assisté.

  2. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Il aurait fallu à cet ancien monteur des qualités qu'il n'a pas (pas encore ?) pour élever cette histoire au dessus de l'anecdote, du libertinage fantastique. Il y a un effort de cohérence dans la mise en scène, dont le symptôme le plus visible est cette omniprésence de la couleur rouge qui cerne l'héroïne. Manque l'intensité, ce quelque chose d'indéfinissable qui génère un trouble, un suspense, qui emporte le spectateur, lui communique la fièvre des personnages.

  3. Télérama
    par Aurélien Ferenczi

    Crédible, inscrit dans le monde - et la technologie médicale - d'aujourd'hui, le film bénéficie de l'engagement de ses deux interprètes : ils ont pour eux une forme d'innocence qui les rend désarmés, dépassés par ce qu'ils provoquent. Comme si le désir de la connaissance de l'autre, jamais assouvi, était une boîte de Pandore. Thibault Vinçon joue bien l'angoisse du type pris au piège, mais ce que fait Annabelle Hettmann, cet entêtement comme une folie calme, implacable, impressionne encore davantage. Placé sous la double référence de Flaubert (« L'amour, après tout, n'est qu'une curiosité supérieure ») et Diderot («Mille peintres mourront sans avoir senti la chair»), voilà un film atypique, qui, s'il peut en déranger certains, fait preuve d'une inspiration absolument originale.