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L’entraide convenue entre les habitants et la préservation coûte que coûte des apparences se transforme vite en effroi, né en partie de l’illettrisme, puis en ostracisme brutal à l’égard des malades. C’est la meilleure partie du film car, de la part d’un cinéaste d’origine allemande mais né en Afrique du Sud, ce mélange de malveillance et de pittoresque provincial rappelle des oeuvres germaniques inquiétantes et édifiantes comme Scènes de chasse en Bavière, de Peter Fleischmann ou Coeur de verre, de Werner Herzog. Le reste, malheureusement, est beaucoup plus schématique.
Toutes les critiques de Le Secret de Chanda
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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D'emblée, un tel sujet fait craindre la fiction sincère mais enfonçant sans vergogne les leviers du mélo bien-pensant. Écueil évité par le cinéaste qui cède le moins possible aux effets tire-larmes et filme, sans en rajouter, voire même avec parfois un rien de sécheresse, la détermination de son héroïne et la place sacrifiée des femmes dans la culture patriarcale africaine.
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Le Secret de Chanda inspire une forte émotion. Le cinéaste possède un sens plastique aussi indéniable que discret, une science de la géométrie de l'espace. Nombre de ses plans intègrent une fenêtre ou une porte dans le cadre de l'image, créent un décalage visuel subtil entre les décors intérieurs et extérieurs: Oliver Schmitz intègre sa propre éthique dans une morale de la représentation. (...) Tout, dans la cascade d'épreuves qui s'abattent sur Chanda, favorisait le déploiement des ruses esthétiques du mélo. Oliver Schmitz les tient à distance, signant un joli film poignant, limpide, mais sans trémolos. Avec une scène finale à l'émotion contenue, où la foi dans l'humanité passe par les regards, l'art de chanter ensemble. L'authenticité du regard terrassant le non-dit.
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Ce film était également l'occasion de porter un message fort visant le partage d'informations plutôt que l'obscurantisme ambiant. Une critique du gouvernement tout en subtilité et vue par le regard d'une enfant loin d'être naïve.
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Le Secret de Chanda est donc un film militant qui n'a pas honte de sa vocation pédagogique. Oliver Schmitz a suffisamment de métier et de confiance dans le cinéma pour que son histoire simple et tragique ne se réduise pas à un tract. Il filme avec clarté et sensibilité cet espace mal défini qui ressemble tantôt à un enfer urbain, tantôt à un village qui aurait trop vite grandi.
Il sait aussi saisir avec une précision quasi dickensienne ces personnages secondaires qui surgissent au fil du récit : une tante venue de la campagne avec ses préjugés, un entrepreneur de pompes funèbres qui est le seul à prospérer au milieu de la catastrophe. La figure de la meilleure amie de Chanda, Esther (Keaobaka Makanyane), est particulièrement frappante : petite orpheline du sida qui tourne mal, objet de l'opprobre universel, elle est la descendante africaine des filles Thénardier.
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Sensible et d’une belle acuité psychologique, Le secret de Chanda traite avec pudeur d’un sujet délicat. Avec son émotion sans cesse intériorisée, cette oeuvre majeure finit par bouleverser profondément.
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En Afrique du Sud, 5,7 millions de personnes sur 48 millions d'habitants sont infectées par le sida. C'est le pays le plus touché au monde, et le virus y reste un tabou, honte et superstition mêlées. Le Secret de Chanda est une parabole sur le sort de tous les « orphelins du sida » livrés à eux-mêmes. C'est aussi une plongée dans le quotidien violent et instable des townships, où l'émeute n'est jamais loin, où les gamines se prostituent pour quelques sous. La jeune comédienne Khomotso Manyaka, bien droite au milieu du chaos, tient son personnage avec une orgueilleuse intensité.
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Ce drame adapté du roman d'Allan Stratton, interprété de façon poignante par la jeune Khomotso, met en avant le déni et les superstitions qui entourent l'épidémie du sida qui ravage l'Afrique du Sud. Un regard dans complaisance où l'amour et l'espoir peuvent encore se refléter dans les grands yeux pleins d'amour d'une enfant héroïque.
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Ce mélo sur l’intolérance et le non-dit se clôt par une scène splendide où l’espoir passe par l’art de chanter ensemble. Il est (admirablement) interprété par une comédienne amateur et signé par un Blanc d’origine allemande qui s’est voué à témoigner des fatalités s’abattant sur la jeunesse sud-africaine.
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Nous sommes en Afrique du Sud, dans un de ces townships où la solidarité fait parfois des miracles, mais où les tragédies, à commencer par le sida et la misère, s’accumulent trop vite. Adapté d’un best-seller canadien signé Allan Stratton et paru en France chez Bayard Jeunesse, cette fiction représentera l’Afrique du Sud aux prochains Oscars. Sa valeur pédagogique apparaît indéniable sinon cuirassée de par la force dramatique du scénario. En plus du sida perçu comme une punition divine, c’est une armée de démons que Chanda, l’héroïne, affronte sans ciller : l’alcoolisme de son beau-père, les superstitions de sa voisine, les dérives de son amie orpheline qui se prostitue pour survivre. Ce concentré de malheurs finit par frôler la caricature et surcharger l’ensemble, pourtant bien vivant et porté par d’admirables actrices.