Toutes les critiques de La région sauvage

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Lion d'Argent au dernier festival de Venise, La région sauvage décrit en surface une réalité très mexicaine: soit le quotidien d'une mère (Ruth Ramos) qui prend son destin en main après s'être débarrassée de son mari, lequel cache son homosexualité refoulée derrière un machisme brutal. Traité avec un réalisme quasi documentaire dans le contexte d'une ville de province conservatrice et coincée, cet épisode sociologique trouve en parallèle son expression poétique dans la représentation d'un monstre à la fois séduisant et dangereux: une créature tentaculaire d'origine extraterrestre, secrètement contenue dans une cabane à la campagne, et qui semble dispenser auprès de ses visiteurs des sensations sexuelles d'une intensité inédite, avec des conséquences variables selon les individus. Certain(e)s, comme la jeune Veronica (interprétée par une sosie de Charlotte Gainsbourg) trouvent tellement de satisfaction de leur rencontre avec la bête qu'ils/elles y deviennent accro; d'autres paient un prix élevé, parfois de leur vie. A la fois métaphore de la violence contemporaine, étude de la sexualité féminine et commentaire sur le rôle de la famille, ce mélange acrobatique emprunte son style au gratin mondial du cinéma de festival, présent et passé, ses influences les plus évidentes étant Lars Von trier (a qui Escalante emprunte son directeur de la photo), Zulawski, et dans une moindre mesure Tarkovski. Voila qui devrait aider à faire le tri entre adeptes enthousiastes et allergiques définitifs.