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Comme entravée par l’émotion, déjà amplement prise en charge par le scénario mélo, la mise en scène se fige dans une alternance de gros plans et de plans larges. De-ci de-là émergent des scènes à la violence tranquille qui, prenant l’usine comme toile de fond, racontent un monde sans pitié : un contremaître retirant d’une fiche de paie le temps de la pause déjeuner prise sur le lieu de travail, le tissu à fleurs colorées vomi par une machine gigantesque derrière laquelle on découvre un petit homme gris... Et puis, il y a Yu Nan, l’actrice fétiche
du réalisateur, dont elle a tourné les quatre films. Elle compose une Li Li opaque, bouleversante.
Toutes les critiques de La Tisseuse
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une œuvre juste et poignante mais sans débordement lacrymal. L’équilibre parfait en somme.
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Quelques instants de complicité effacent-ils le sentiment d'être passé à côté de sa vie ? Non, mais sur le visage de ses personnages - qu'il observe avec affection -, Wang Quan An laisse deviner un apaisement possible : la certitude mélancolique d'avoir accepté le destin, à défaut de lui avoir résisté. Et d'avoir donné, dès lors, un sens à la fuite des jours...
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De cette veine mélo-social en milieu ouvrier (avec sa scène de suicide manqué, sa scène de cigarette en plan-séquence, sa scène de pétage de plombs en boîte de nuit...), La Tisseuse se dégage peu à peu grâce à la délicatesse aiguisée de son écriture, un raffinement élevant sa petite normalité néoréaliste. Le scénario ne promet pas grand chose : les dernières semaines d’une jeune et jolie manutentionnaire (Yu Nan et son charme irréel) qui, apprenant qu’elle souffre d’une leucémie, tente de revoir une dernière fois l’amour de sa vie à Pékin, délaissant pour quelques jours fils et mari fidèle.
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Entre les effets d'échelle et de composition du plan, ainsi que la sécheresse du montage, Wang filme dans sa complexité le rapport de force entre la machine et l'être humain.
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Wang Quan'an utilise le vocabulaire du cinéma numérique (caméra frémissante, longs plans séquences, personnages perdus dans des espaces indéchiffrables) mais on le sent plus appliqué, moins à l'aise que lorsqu'il met en scène classiquement la vie quotidienne de Lily et des siens.