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Moins frileux que le nôtre quand il s’agit de traiter des cicatrices du passé, le cinéma italien n’en est pas à son premier coup d’essai : on se souvient de Nos Meilleures Années de Marco Tullio Giordana ou encore de Buongiorno, notte de Marco Bellocchio, fresques autrement plus ambitieuses. Malgré des séquences spectaculaires et le jeu nuancé des acteurs, la mise en scène linéaire de La prima linea avec le recours classique aux flash-back, montrant Sergio revenu de ses idéaux, ne parvient pas à donner un vrai souffle à ce récit trop carré.
Toutes les critiques de La Prima Linea
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un film essentiel à l'ère Berlusconi pour ne pas reproduire les mêmes erreurs et décimer la Bête avec d'autres armes plus efficaces que celle de la terreur aveugle.
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S’inspirant de « Miccia corta », l’autobiographie de Sergio Segio, le réalisateur peint l’évolution de deux des principaux dirigeants du groupe d’extrême-gauche, Sergio Segio et Susanna Ronconi, leur prise de conscience, leurs désillusions. Ce film aux trois visages (le politique, l’action et l’amour, film d’action (l’évasion spectaculaire de Susanna Ronconi et de trois camarades de la prison de Rovigo), l’histoire d’amour. Un retour en force sur les années de plomb.
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par Marcelle Padovani
Sur le trajet qui le mène vers la prison, Sergio se remémore les étapes de sa vie passée – sa férocité, sa froideur, sa schizophrénie… De Maria insiste sur le caractère dissocié, le délire d’omnipotence qui avait saisi son personnage, comme des centaines, voire des milliers de jeunes à l’époque. Et ne cède jamais à tentation romantique d’en faire le héros d’un "roman criminel".
Réalisée avec l’intensité d’un polar, cette chronique des « années de plomb » s’inscrit dans la tradition du film politico-romantique italien.
Le charisme de Riccardo Scamario (« Romanzo Criminale ») donne de l’étoffe au héros. Mais certains de ses comparses ont un peu trop l’air de sortir d’une agence de mannequins.
Le cinéaste peut être attaqué sur son glamour. On a peine à croire que Susanna (Giovanna Mezzogiorno, l'héroïne du Vincere de Bellochio) ait pu rester si pimpante, si impeccablement coiffée dans sa cellule, et comme sortie d'un magazine de mode lorsqu'elle se livre à ses assassinats militants.
En revanche, il parvient à filmer ses personnages en restant en équilibre, ni complice ni inquisiteur. Portraits d'orgueilleux coupés du monde et aveuglés par leur combat, le film vise à montrer des idéalistes dans l'impasse, dans l'erreur. Concernant Sergio Segio, le personnage principal, on peut convenir qu'il a réussi à dépeindre le doute, la conscience, le sursaut humain.
Construit en flash-back, le récit retrace la dégringolade du groupuscule Prima Linea, de l'idéalisme au meurtre. Dialogues explicatifs, plans fixes sur Scamarcio en repenti débitant ses souvenirs : jamais on n'atteint l'intensité, l'ambiguïté bouleversantes de Buongiorno, notte, de Marco Bellocchio, sur le même sujet.
Le dénouement - l'évasion de la jeune femme orchestrée par son compagnon - donne lieu à quelques scènes réussies - lorsque les détenues chantent dans la cour de la prison. C'est donc à la toute fin que prennent corps les personnages et leurs désillusions. Trop tard.