- Première
Kirghizistan. Une décharge à ciel ouvert. Là-haut, sur la colline de déchets, se joue un sursaut d’humanité. Des corps déambulent entre les ordures, les rogatons et les gaz toxiques. Trois visages se distinguent, discutent et dissertent. D’amour, de liens, d’alcool, d’abîme et autres. Et l’homme, ancien sniper bourré de traumas, d’avouer : « Je bois pour m’endormir ». Plus loin, après son labeur, une mère pleure les cinq enfants qu’elle a perdus. Elle dit préférer le travail dans la déchetterie plutôt que dans les champs, car « là-bas, on te paie trois jours plus tard ». Un de ses fils lit ses notes poétiques écrites sur son carnet. Plus tard, une ado lâche : « Petite j’étais heureuse. Puis, il y a eu tant de larmes. » Au bout du bout de la chaîne du capitalisme, il y a ces hommes et ces femmes, filmés en plan serré, à fleur de peau. Qui illuminent la colline… et ce remarquable documentaire.
Estelle Aubin