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En filmant une communauté gitane qu'il connaît bien, Jean-Charles Hue dessine un troublant croisement entre documentaire et mythologie. Imprévisible et rugueux, La BM du Seigneur offre un précieux témoignage.
Toutes les critiques de La BM du Seigneur
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Entre Martin Scorsese et Jean Rouch, La BM du Seigneur offre un concentré de violence poétique. Dans un pays où l'humiliation des humbles se donne de nouveau libre cours, Jean-Charles Hue transforme des pestiférés en héros mythologiques.
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Distincts des Roms mais également marginalisés, les Yéniches n’appartiennent pas à la “communauté nationale”, ne cherchent pas spécialement à s’intégrer et parlent une langue certes française, mais brute, (...) La grande intelligence de Jean-Charles Hue est de ne pas écrire leur histoire à leur place, de ne pas chercher à leur “redonner une dignité” (qu’ils n’ont jamais perdue) ou à briser artificiellement les clichés (ils volent des BM, un point c’est tout).
Tissant sur un canevas documentaire des scènes de fiction rejouées à l’identique par leurs propres protagonistes, il trouve avec eux une forme de représentation adéquate. Ce faisant, il formule un nouveau “partage du sensible”, concept cher à Jacques Rancière, où les Yéniches, ni victimes ni héros, se voient accéder à la mythologie.
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C’est ainsi que ce film à la beauté incandescente parvient à réaffirmer l’appartenance des Yéniches à la communauté des hommes, sans pour autant nier leur altérité. Un film assurément important. -
On pourrait regretter le caractère troué, lâche, du films, ses moments de flottement, ou le cheminement finalement trop bref aux côtés de Fred. Mais, au regard de tout ce qu'il tente, La BM du seigneur se reconnaît comme un film rare. Tout ce qui est filmé se trouve rendu à une singulière présence - chose, homme, bête, action, conflit moral - comme si la caméra décollait un film qui l'entoure : le mythe, c'est ce qui est déjà là.
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(...) Malgré quelques flottements dans la mise en scène, toujours à vif, le film est habité par la présence de ses personnages, leurs paroles, leur quête, leur énergie. Et c’est dans sa manière un peu délirante de mêler fiction et documentaire que « la BM du Seigneur » nous emporte.