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C’est un échange vif comme il en existe tant. Une réplique blessante qui en appelle une autre. Une tension qui monte à vitesse grand V avant que, généralement, les esprits finissent par s’apaiser et que tout rentre dans l’ordre. Sauf que l’altercation qui ouvre L’Insulte ne se déroule pas dans n’importe quelle ville et n’oppose pas n’importe quels individus. Elle a lieu au cœur de Beyrouth et implique un nationaliste chrétien et un réfugié palestinien (Kamel El Basha, primé à Venise). Une histoire de travaux de restauration mal ficelés, une insulte balancée par le chrétien au Palestinien – « Sharon aurait dû vous exterminer » – et une demande d’excuses, qui ne viendront jamais. Point de départ d’un procès qui embrasera le pays tout entier en ravivant des plaies mal cicatrisées. Celles de cette guerre civile qui a causé plus de 200 000 victimes entre 1975 et 1990.
Juge de paix
Comme dans L’Attentat ou dans Baron noir qu’il réalise pour Canal+, Ziad Doueiri parle donc ici de politique. Mais, fidèle à son habitude, son obsession est ailleurs. Montrer plutôt qu’asséner. Se passionner plus pour le développement de son récit que pour sa conclusion. Doueiri expose les récriminations des deux camps sans prendre parti ni chercher à chaque instant l’équilibre, mais avec un souffle dans sa réalisation qui accompagne au plus près les mouvements de ses personnages. Il dynamite les carcans habituels du film de procès. Et fait de ce huis clos sous tension un singulier terrain de jeu, de guerre et de possible réconciliation. Un film indispensable pour comprendre le Liban d’aujourd’hui.