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Qu'un réalisateur quadragénaire, épaulé par l'érudition de son scénariste Patrick Rotman, s'attache à regarder la barbarie en face est en soi une excellente nouvelle. Après une mise en place tendue et efficace, servie par une caméra fluide et une lumière qui donne aux visages la texture de l'acier, le film bascule avec ses personnages dans une folie meurtrière que la mise en scène peine à restituer autrement que par la surenchère d'effets et de musique.
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Comment d’honnêtes hommes pleins d’idéaux peuvent-ils se transformer en bourreaux atroces ? Cette réflexion sur la guerre d’Algérie, très peu abordée au cinéma, est le thème central du film de Florent-Emilio Siri. C’est à l’aide d’une mise en scène réaliste que le réalisateur montre le contexte qui a permis à la barbarie de l’emporter sur l’humanité. La puissance du film doit beaucoup à la prestation de Benoît Magimel. Il parvient à se glisser dans la peau d’un jeune lieutenant idéaliste qui devient peu à peu un tortionnaire fou. À l’instar de nombreux films sur la guerre d’Algérie, L’ennemi intime ne se contente pas d’effleurer le sujet de la torture. Impossible de rester indifférent.
Toutes les critiques de L'Ennemi intime
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La force du film de Siri réside dans le parfait équilibre entre le fond et la forme; entre le propos et le style. L'ennemi intime, c'est Steven Spielberg qui rencontrerait Pierre Schoendoerffer. On est au coeur du conflit, dans les hautes montagnes de Kabylie, et les balles sifflent comme des fouets. L'ennemi intime, c'est une histoire d'hommes qui offre à Magimel et à Albert Dupontel un match mémorable. L'idéaliste contre la brute, l'humaniste contre le fêlé, avant que les étiquettes ne volent.
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Un an après Indigènes ce magistral film de guerre de la trempe d'un Platoon revient à son tour sur un pan de notre histoire douloureuse. (...) Sans manichéisme ni tabou, violemment anti-guerre, l'Ennemi Intime traque la bête qui sommeille en chacun et restitue, à hauteur d'hommes, la complexité singulière de cette tragédie.
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Tandis que les Américains ont vite et souvent porté la guerre du Vietnam à l'écran, les cinéastes français se sont rarement emparés de cet épisode. Rien qu'à ce titre, le film de Florent Emilio Siri est un événement. D'autant qu'il tourne le dos à l'option purement militante pour s'afficher résolument populaire : c'est bien un film de guerre, un grand spectacle, une superproduction avec stars (Albert Dupontel et Benoît Magimel, saisissants de vérité) et paysages grandioses de montagnes (filmés dans le somptueux Moyen Atlas marocain). Voilà pour la forme. Pour le fond, la crédibilité du propos historique tient en un nom : Patrick Rotman. (...) Il signe le scénario de cette fiction, avec un objectif clair : montrer la complexité de cette guerre, les dilemmes imposés à tous les combattants, l'engrenage des violences.
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(...) L'Ennemi intime devient un film qui saute à la figure, une histoire sanglante dont les protagonistes sont percés de balles, brûlés au napalm, torturés. (...) le scénario de Patrick Rotman ne rechigne pas à recourir aux clichés du film de guerre (qui relèvent plutôt du vocabulaire hollywoodien que du cinéma français). Heureusement, le scénario laisse leur place à d'autres préoccupations. Il inscrit systématiquement l'histoire de la guerre d'Algérie dans celle de l'armée française (...) Cette difficulté à embrasser tous les enjeux de cette guerre unique par les séquelles qu'elle a laissées (en 1964, qui en voulait encore à Ludendorff ?) n'est pas forcément à porter au discrédit de Florent-Emilio Siri. Elle est aussi la mise en scène d'un échec qui fait qu'à ce jour la guerre d'Algérie n'a pas encore trouvé la paix dans la conscience collective. En choisissant d'évoquer ce moment de l'histoire en termes guerriers, L'Ennemi intime fait au moins oeuvre de lucidité.