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L’Enlèvement est le récit d’une lente agonie, celle des Etats pontificaux et leur rattachement progressif au royaume d’Italie à partir de la mort de l’inflexible Pie IX en 1878. Un mur est prêt à s’écrouler. Face aux vibrations du dehors, le pape ne cesse d’ailleurs de vaciller... Au milieu de cet inévitable chaos, il y a le destin d’un enfant dont le tragique destin symbolise à lui seul ces temps tourmentés. Edgardo Mortara, né dans une famille juive de Bologne dans l’Italie du 19e siècle mais baptisé à l’insu de ses parents par sa nourrice, est arraché aux siens par l’Inquisition. Le sort du bambin de six ans devient rapidement pour l’église un enjeu de pouvoir. La famille, elle, remue ciel et terre pour récupérer la chair de leur chair injustement confisquée, provoquant un émoi international. Marco Bellocchio baigne ses cadres d’une magnifique lumière vespérale. La figure suppliciée du Christ, sculptée ou peinte, hante chaque recoin de la conscience éveillée de son film. Tout est en place, magnifiquement composé et pourtant sourd cette sensation que l’essentiel manque. Sa mise en scène n’atteint la transcendance que par à coup. On aurait aimé voir Bellocchio tel le Comencini de L’incompris, signer un grand film sur la brutalité du monde adulte vue à travers les yeux d’un enfant effaré et tourmentée. Le cinéaste impose une volontairement une distance.