Toutes les critiques de L'Avocat de la terreur

Les critiques de Première

  1. Première
    par Olivier de Bruyn

    Pendant plus de deux heures, les images d'archive et les témoignages s'accumulent. Puzzle fascinant, voué à l'inachèvement. (...) Schroeder n'a jamais recours à la voix off et n'apparaît pas à l'écran. L'effacement est illusoire: présent partout mais visible nulle part, il signe au authentique docu d'auteur qui, par la puissance suggestive du montage, dresse le portrait d'un insaisissable et celui d'une époque.

Les critiques de la Presse

  1. Elle
    par Michel Palmiéri

    Additionnant témoignages et documents d'archives, le cinéaste traque les faits, questionne les acteurs de l'histoire des luttes de libération au siècle précédent. Une enquête étourdissante menée avec la collaboration cynique du mis en examen, qui lève nombre de vérités; ou lorsque celles-ci se dérobent, propose des thèses argumentées, infirme des certitudes admises, suggère des pistes plausibles. Jacques Vergès, mauvais sujet peut-être. Bon sujet sans aucun doute.

  2. Le JDD
    par Danielle Attali

    Communiste, anticolonialiste ou d'extrême droite, Jacques Vergès, aujourd'hui âgé de 82 ou 83 ans, reste un mystère. Suffisamment fascinant et manipulateur pour inspirer le cinéaste Barbet Schroeder, dont le film tient autant du thriller d'espionnage que du documentaire politico-judiciaire.

  3. Le Monde
    par Jean-François Rauger

    Alors que les précédents documentaires de Barbet Schroeder consistaient en une immersion de l'équipe technique dans la vie et l'activité de ses sujets, L'Avocat de la terreur est une succession de rencontres et d'entretiens. Mais le sentiment de se trouver face à un défilé de "têtes parlantes" est vite dissipé par la richesse de sa matière.(...) La complexité du personnage apparaît mieux si on se défait des catégories morales qui empêchent peut être d'en comprendre le mécanisme intime. Car, finalement, c'est en empêchant de percevoir ses diverses qualités comme contradictoires que Me Vergès est un formidable catalyseur pour un cinéaste qui n'a jamais cessé de montrer que la vérité est parfois faite de paradoxe et de confusion.

  4. Télérama
    par Frédéric Strauss

    Le film s’organise autour de cette lecture. Mais si, pour Barbet Schroeder, le procès de la terreur doit être instruit à charge, celui de l’avocat exige qu’on y regarde à deux fois. C’est son mystère qui intéresse le cinéaste, tant celui de ses prises de position polémiques, qui l’ont rendu célèbre, que celui de ses silences tenaces. (...) Malgré l’absence de tout commentaire en voix off, qui laisse parfois Barbet Schroeder se replier sur une position de non-jugement, une hypothèse se fait jour : et si la « machine Vergès » carburait à l’affectif ?

  5. Fluctuat

    Barbet Schroeder réalise un formidable documentaire sur le terrorisme et les hommes qui en sont à l'origine. Conservant toute sa part de mystère, la personnalité de Jacques Vergès, insaisissable animal verbal, s'en trouve presque reléguée au second plan... ce qui lui permet de mieux servir sa propre cause. Magistral.
    - Exprimez-vous sur le forum L'avocat de la terreurPersonnage romanesque à l'art consommé de la provocation, l'avocat suscite les plus folles rumeurs. Par sa parole autant que par ses silences. Qu'a-t-il fait entre 1970 et 1978 ? Dans son impressionnant CV, il y a un trou de huit ans dont personne, même ses plus proches amis, ne semble détenir la clé.Auteur éclectique, Barbet Schroeder navigue entre les genres. Du documentaire (General Amin Dada) à la fiction, de la DV (La vierge des tueurs) à l'image léchée d'Hollywood (Kiss of Death), il est aussi producteur, via les films du Losange, de wim wenders, eric rohmer ou jacques rivette. Pas étonnant dès lors, qu'il porte son regard sur les formes mouvantes et insaisissables d'un autre personnage multicarte. A 20 ans d'intervalle, les deux hommes ont partagé les mêmes combats, du communisme à la défense d'une Algérie maltraitée.Sans concession, Schroeder, qui a conservé le final cut, ne perce pourtant pas l'énigme Vergès. Mais entre la science du langage et de la manipulation de l'un et le travail d'exhumation d'archives, de recherches de témoins et de reconstitution historique de l'autre, ce sont 50 ans de terrorisme qui s'éclairent d'une étrange et inhabituelle lumière.Par définition, ces actes sont toujours considérés du point de vue du dominant et donnent lieu à des simplifications réductrices qui expriment l'opinion de « celui qui fait la loi». Grâce à la parole de l'homme de loi, justement, l'occasion est donnée de descendre dans les méandres humains où naissent, sur le terreau de la frustration et du sentiment d'injustice, les germes futures du terrorisme. Surgit alors toute la part d'humanité de ses actions inhumaines. Troublant, comme le personnage qui est à l'origine de ces questionnements.Riche en événements dont l'articulation intelligente permet d'éviter la voix off, ce documentaire s'avère passionnant d'un bout à l'autre. Sa densité (date, noms), contrebalancée par une bonne lisibilité, aboutit à la sensation que Vergès fut, en permanence, lié au terrorisme et réciproquement. Son engagement pour Djamila Bouhired, qui déposa une bombe au Milk Bar (11 morts, 150 blessés) et dont il fit une figure de la lutte anticolonialiste, semble mettre en lumière un moteur profond et sincère du personnage : son refus du colonialisme et de l'injustice.Il convient cependant de se méfier de sa rhétorique. Fascinant orateur, qui se révèle amoureux des femmes courageuses, sa vérité n'est, en effet, jamais menacée. L'obligation de vigilance à laquelle Vergès contraint le spectateur rend un peu plus passionnant encore ce récit romanesque. Il choisit ce qu'il veut justifier, évince le reste d'un air supérieur de matou cruel. Sans aller jusqu'à susciter la sympathie, l'« avocat du Diable » se défend joliment même si le va-et-vient entre ses déclarations, les archives, et certains commentaires ne lui est pas toujours favorable.Souvent drôle, notamment grâce à Sine, ami intime et dessinateur (à Charlie Hebdo), le film de Schroeder se révèle un excellent thriller, digne d' Hollywood. Conçue comme une fiction, c'est aussi un agréable et intelligent cours d'histoire qui ouvre de passionnants champs de réflexion...et permet à l'avocat de tirer les ficelles tout en restant indéchiffrable. Magistral ! L'Avocat de la terreur
    De Barbet Schroeder
    Avec Jacques Vergès, Béchir Boumaza
    Sortie en salles le 6 juin 2007Illus. © Les Films du Losange
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