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Ce premier long métrage concis et bref traque le vide dans la tête et la vie de personnages qui, bien que familiers (une mère atteinte de
démence, une jeune fille timide et dévouée...) finissent par devenir étranges et étrangers. Ravage de la solitude, répétitivité des tâches ou
autre chose ? Plus Anna s’emmure et devient imprévisible, plus Félicia entre en elle-même et se perd. Malgré des couleurs douces et une infinie tendresse dans la façon d’approcher les visages, le film est une plongée dans les abîmes insondables du cerveau humain.
Posant des questions qu’aucune réponse définitive ne vient apaiser. Douloureux, inconfortable et fascinant.
Toutes les critiques de L'Absence
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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L’idée n’est pas tant d’épuiser le réel et/ou le sens par la répétition, mais plutôt d’évoquer une sorte de stagnation, de suspension du temps. Le moi de Félicia se dilue dans ces tâches machinales, dans cet intérieur cossu dont elle ne s’éloigne guère (à part, grand événement, une sortie à la piscine avec sa patiente). Elle finit par se fondre dans le tableau, dans le paysage. Le titre peut donc se comprendre de plusieurs façons. L’absence, c’est la disparition du mari, mais aussi la conscience défaillante de son épouse, ainsi que l’évanescence graduelle de Félicia. Pour cela, le choix de la comédienne Cécile Coustillac est excellent. Par sa blondeur sage, son visage peu expressif, elle traduit idéalement cette disparition d’elle-même, cette absence au monde.
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Soit on reste à la porte de l'atmosphère à la fois pesante et minimaliste (...) Soit on se laisse emporter comme son héroïne s'abandonne à une nouvelle temporalité (...) Et même si de Gasperis a tendance à se regarder filmer et à basculer, parfois, dans un cinéma poseur agaçant, c'est la deuxième hypothèse qui prend le dessus avec cette oeuvre, notamment par la beauté poétique de ses silences et sa distribution irréprochable.
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Tant que le réalisateur (dont c'est le premier film), colle au visage et aux gestes du personnage incarné par Liliane Rovère, l'évocation est puissante, juste, émouvante : ruptures de ton, habitude des bien-portants de parler de la malade comme si elle n'était pas là... Le film faiblit lorsqu'il explore le basculement de la jeune Félicia, aspirée, peu à peu, dans le monde intemporel de sa protégée. Les longs plans-séquences étirent le temps maladroitement : le portrait de cette jeune fille aux motivations obscures demeure flou, sans réelle consistance.
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Pas de sujet interdit ou indigne au cinéma. Le meilleur comme le pire peuvent jaillir de n'importe quelle histoire. On ne reprochera donc pas à Cyril de Gasperis d'avoir eu le courage, pour son premier long métrage, de se saisir d'un sujet aussi âpre, difficile, et a priori anti-cinématographique que la maladie d'Alzheimer.
On se permettra en revanche, s'agissant d'une situation qui met d'emblée son film en position délicate, de douter de l'opportunité de son récit et de sa mise en scène. -
Il n’y a pas si longtemps, l’actrice et réalisatrice canadienne Sarah Polley avait réussi un bouleversant mélo sur la maladie d’Alzheimer, Loin d’elle avec Julie Christie. L’absence serait en quelque sorte une version peu aimable de ce film, en tous cas son négatif français : le mari fuit ses responsabilités, la malade est invivable, les couleurs sont ternes, l’austérité domine. Si les réflexions sur la répétition, le quotidien et l’épuisement du temps (longs plans fixes et plans séquences à l’appui) sont intéressantes, l’esthétique et la mise en scène sont assez rébarbatives, voire même déplaisantes. Même si l’on ne peut pas vraiment parler de voyeurisme, force est de constater que l’isolement subit par le spectateur et la théâtralité parfois grossière de l’interprétation nous mettent dans une position gênante et inconfortable. C’est sans doute voulu, et d’habitude ce n’est pas pour nous déplaire, mais ici cela ne fonctionne pas. Quelques beaux plans viennent tout de même nous tirer de notre torpeur mais le tout nous laisse des soupirs, heureusement bien vite oubliés.