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Dépourvu d'effets faciles et constamment maintenu dans un univers réaliste, Joshua est davantage un héritier de Rosemary's Baby qu'un banal film d'horreur. George Ratliff, dont c'est le premier long métrage, fait preuve d'une grande rigueur narrative pour décrire le parcours de plus en plus malsain d'un enfant qui simule l'innocence. Une judicieuse utilisation de la musique atonale accentue le malaise tandis que la photo de Benoît Débie exprime, par les cadrages, la lumière et la couleur, une inexorable plongée dans la noirceur.
Toutes les critiques de Joshua
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Le JDDpar Stéphanie Belpêche
Dans la lignée de La malédiction ou Le bon fils, on navigue entre horreur et thriller psychologique. Joshua est-il réellement machiavélique ou juste témoin de la lente désagrégation de sa famille? C'est dans cet équilibre fragile, cette ambivalence du scénario que réside tout l'intérêt de ce conte terrifiant, enlevé par la composition du jeune Jacob Kogan.
- Fluctuat
Présenté à Sundance en 2007, Joshua transforme La Malédiction en drame psychologique tout en dynamitant les liens si naturels de la famille. Pas une réussite mais un film habité par son ambiance et sa volonté de détruire de l'intérieur les schémas.
Il n'en a pas l'air, mais Joshua est un rebelle. Imaginez plutôt : une petite famille de yuppies new-yorkais accueille un nouveau membre, Lily. Tout le monde est ravi de cette naissance, sauf Joshua, neuf ans, leur fils, le visage encore plus impassible et froid qu'Haley Joel Osment dans A.I.. Sauf que si le kid se déplace comme un robot, il n'en est pas moins humain. Etrangement surdoué au piano, invraisemblablement intelligent, fasciné par les rituels mortuaires égyptiens, le bambin va vite créer le trouble et dérégler complètement le cocon familiale, jusqu'à l'anéantir au fil d'un calcul digne d'un scientifique nazi. Où sommes nous ? Pas évident à dire, Joshua est un drôle de film, un peu raté, parfois confus dans ses propositions ou son scénario, mais il a un truc en plus d'être assez soigné. On est vite tenté d'évoquer un rapprochement avec La Malédiction ou Rosemary's Baby, sauf que George Ratliff a mis au vestiaire tout le folklore satanico-apocalyptique. A la huche les superstitions et autres bondieuseries (quoiqu'on les évoque, comme des fausses pistes), et bonjour le drame psychologique latent, l'angoisse sinueuse et une folie pas si irrationnelle que ça.Sans être donc la version Sundance et bergmanienne de La Malédiction (en fait on pense beaucoup à Birth), Joshua tente de jouer une carte plus subtile que ses cousins seventies : mettre un coup de pied dans la sacro-sainte structure familiale où l'amour va de soi. Il prend ainsi un malin plaisir pervers à renverser les valeurs fondatrices (omniprésentes aux States), pour les plonger dans un chaos où tous les liens affectifs sont remis en question. L'enfant, figure de l'innocence, devenant l'acteur-manipulateur et terroriste d'un dessein qu'il se construit en accord avec ses principes, sa morale, son être. Sans être subversif au point d'être polémique (trop d'hésitations et de lourdeurs encombrent encore la barque), Joshua impose malgré tout sa logique du dérèglement grâce aux parents, victimes de ce qu'ils ont engendré aveuglément. Et c'est là que réside l'intérêt minimum du film : dans son refus, partiel (une allusion à une vague responsabilité de la mère), d'expliquer ce déni de l'amour filial par un manque ou un problème d'éducation, mais par un choix conscient et délibéré de l'enfant qui met les parents face à un vide effroyable. La nature du mal est décidément complexe, le film moins. Joshua
De George Ratliff
Avec Sam Rockwell, Vera Farmiga, Celia Weston
Sortie en salles le 30 avril 2008
Illus. © Twentieth Century Fox France
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