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Cinéaste cinéphile aimant autant disserter sur Bergman que sur Cameron ou Coppola, Arnaud Desplechin avait sans doute depuis toujours, dans un coin de sa tête, un fantasme d’Amérique. Pourtant, la petite brise western qui souffle au début de Jimmy P. – Psychothérapie d’un Indien des plaines est une fausse piste. S’il y a un territoire à explorer ici, il est avant tout mental. Le Nouveau Monde, c’est celui que défrichent en huis clos deux hommes a priori dissemblables mais qui vont se découvrir frères grâce aux contingences de l’Histoire. D’un côté, un juif d’origine hongroise qui a fui la Shoah et qui refuse de regarder en arrière. De l’autre, un Indien devenu un étranger dans son propre pays et qui se retrouve contraint de remonter le fi l de sa mémoire. Desplechin filme leurs échanges avec une douceur infinie, loin de la fièvre et du chaos de Rois & Reine ou d’Un conte de Noël. Formellement, le film est d’ailleurs tellement plat, voire franchement pataud (les scènes oniriques), que l’on se demande à plusieurs reprises si le surdoué de la génération post-Nouvelle Vague s’est assagi ou juste assoupi. Mais si le réalisateur, un peu « lost in translation », met son style en sourdine, c’est en réalité pour mieux faire résonner la puissance intellectuelle et émotionnelle de l’ouvrage de Devereux et s’abandonner à la contemplation de la présence minérale de Benicio Del Toro. En Indien mélancolique, le colosse aux yeux cernés livre l’une des compositions les plus profondes et les plus habitées de sa carrière.
Toutes les critiques de Jimmy P. (Psychothérapie d'un indien des plaines)
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Jimmy P. est un film sur le langage, sur le sens profond et la circulation des mots – « blessure de l’âme » ne signifie pas tout à fait la même chose que « traumatisme psychique ». Et pourtant c’est le contraire d’un film théorique sur la psychanalyse. Desplechin raconte avant tout la rencontre et l’amitié entre deux hommes de bonne volonté. C’est "Le Discours d’un roi" sans couronne ni bégaiement.
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"Jimmy P." va relever un sacré défi. Par une mise en scène ample et libre, par le jeu sans faille de ses acteurs (...)
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Le dernier long métrage d'Arnaud Desplechin cristallise et dépasse les inquiétudes d'un réalisateur fasciné par la mort et la psyché.
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(...) "Jimmy P." offre à la fois la jouissance de l'élucidation et celle du mystère intact ; la force du simple et les séductions du complexe ; le confort de la ligne droite et le charme sinueux des traverses ; les puissances conjuguées d'un cinéma populaire d'auteur.
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Deuxième film français en Compétition, Jimmy P. est une oeuvre de maturité de Desplechin. Apaisée et apaisante.
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un film d'Arnaud Desplechin (...) aussi étrange que passionnant.
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Une confrontation solennelle mise en scène avec un classicisme inventif.
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Le film s’avère ce qu’il promettait d’être (c’est en cela qu’on peut le trouver un tout petit peu déceptif) : un face à face intelligent entre deux hommes que tout oppose a priori (l’éducation, la langue, le milieu social, etc.) et qui pourtant vont réussir, à force d’échanges, non seulement à remonter aux sources infantiles des traumatismes de Picard et à le guérir de ses troubles physiologiques, mais aussi à en faire un homme pleinement responsable et libre – grâce au lien inextinguible et profond créé par leur relation si singulière, et que l’on pourrait appeler amitié, ou plus encore fraternité.
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C’est cette structure propre à la psychanalyse, parfaitement maitrisée par le cinéaste, maelström de réminiscences curatives et de traumas dénudés, qui produit l’étrangeté du film, en dépit d’une pauvreté visuelle qui au premier abord le fait passer pour ce qu’il n’est pas : une œuvre banale, policée, une peu plate. Impossible par ailleurs de ne pas évoquer la performance magistrale de Benicio Del Toro : sa voix entêtante et filandreuse, ce corps massif, à la fois raide et endolori, félin et avachi, insuffle au personnage un pouvoir de fascination extraordinaire. Sans lui, "Jimmy P" ne tiendrait pas sur ses deux jambes.
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Un film très verbeux, forcément, on suit un patient et son psychothérapeute. Pour autant, on aurait pu espérer un peu plus de flashbacks “d’actions”. Mais ce n’est pas le but de Desplechin. Le duo Del Toro / Amalric fonctionne à merveille. On regrettera juste quelques lenteurs.
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« Jimmy P. » est d’abord l’histoire d’une rencontre entre deux marginaux en rupture de ban, qui, à leur manière, vont se sauver l’un l’autre. C’est aussi le fi lm le plus apaisé de son auteur.
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C’est à une véritable psychanalyse que nous convie le cinéaste, un échange de questions-réponses entre deux hommes, ce qui peut rendre le film bavard par moments. Mais le metteur en scène a deux atouts majeurs avec Benicio del Toro, méconnaissable en Indien complexé et dont le malaise est palpable, et Mathieu Amalric, ironique et mélancolique en thérapeute. L’histoire vraie de ces deux hommes filmée comme une aventure est intense et palpitante. Un beau défi relevé par Arnaud Desplechin.
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S'inspirant d'un ouvrage du psychiatre, Arnaud Desplechin sinstalle outre-Atlantique pour cette balade introspective. Superbement mise en scène et interprétée (Benicio Del Toro et Mathieu Amalric), cette belle histoire de fraternité touche au plus profond...
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Le récit est épais, les pistes de lecture nombreuses : le film questionne autant qu’il raconte, respectant ainsi le livre dont il s’inspire. Jimmy P. reste d’abord le périple de deux hommes à la recherche de l’autre, de l’éphémère – le souvenir, les relations amicales passagères – et partage en ce sens avec son spectateur les découvertes déroutantes de ces deux aventuriers de l’esprit. Il ne fait guère de doute que beaucoup y verront un long-métrage mollasson, uniquement rythmé par les paroles de ses deux protagonistes principaux. Mais cela constitue l’inévitable prix à payer pour profiter d’un film à la portée résolument universelle.
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Jimmy P. propose (...) un magnifique dénouement à l’œuvre riche et tendue d’Arnaud Desplechin. Le cinéaste trouve dans ce voyage américain un cinéma précis et apaisé, et surtout, un bouleversant répit.
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Arnaud Desplechin fait migrer son théâtre analytique dans l’Amérique au cœur du XXe siècle et réussit un film ample et presque apaisé.
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Se gardant de la tentation de l’exotisme, évitant de se laisser ébaubir par le vent des grandes plaines, Arnaud Desplechin signe une mise en scène sobre, économe de ses effets, concentrée sur son sujet.
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Mais qu'y a-t-il d'universel dans ce récit qui aurait pu virer au simple huis clos ? Quelque chose d'essentiel. L'idée, selon Desplechin, que la psychanalyse devient accessible à tous et n'est plus réservée à une élite.
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L’entreprise est noble et le résultat solide dans son interprétation. Le problème, c’est que cette plongée en apnée dans les traumatismes — Mathieu Amalric auscultant Benicio Del Toro — est totalement déconnectée des attentes d’un spectateur lambda. De quoi, avec cette cérébrale histoire d’Indien, rester sur sa réserve.
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Arnaud Desplechin nous avait habitués à de grandes choses dans son cinéma ambitieux, aussi bien au niveau du contenu que de la mise en scène. Il confirme cette ambition en s’attaquant à un sujet ô combien difficile au cinéma, la psychothérapie. Il confirme surtout que ce dernier n’est pas un matériel cinématographique et bien qu’il ait épuré au maximum sa mise en scène, le film tourne sur lui-même dans une ronde interminable.
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Dans son calme supérieur, Jimmy P. ne manque cependant pas de splendeurs entêtantes. L’irruption des lignes de fuites des plaines indiennes, magistralement mise en scène, en est une. Mais l’on retient surtout la beauté altière de ces femmes qui peuplent la périphérie la plus habitée de l’analyse, et surgissent comme pour dire au film ses quatre vérités - il y est question de lourdeur et de légèreté, d’obstination, de la place de l’âme dans une poupée gigogne.
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En se resserrant sur son duo de personnages, Desplechin abandonne les formes chorales qui hystérisaient le montage de ses films précédents et leur substitue cette circulation fluide de signes, mais si fluide qu’elle tourne parfois trop court.
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Malgré un début réussi en hommage au western, Desplechin, fasciné par la psychanalyse donne une adaptation scolaire, sans la pédagogie lumineuse et visuellement inspirée d'un Huston ou d'un Hitchcock sur le sujet. Benicio Del Toro fait le poids du héros, mais son débit lent finit par sembler monocorde, tandis que Mathieu Amalric surjoue un peu.
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L’adaptation du récit de Georges Devereux donne lieu à une oeuvre déconcertante. Tournant le dos à la manière ample et retorse de ses précédents films, Desplechin négocie un virage classique. Déceptif, mais d’une maîtrise rare.
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Résultat de ce Cluedo psychique, une belle histoire d’amitié, certes, mais hélas aussi une somme de conversations plus ou moins rébarbatives et bavardes.
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Le souci de cette psychanalyse oiseuse faisant passer "A Dangerous Method" de David Cronenberg pour un parangon de subtilité, c'est que l'ensemble sombre hélas dans un salmigondis verbeux dont les longueurs épuisent toutes les résistances et qui souffre de maladresses stylistiques (les séquences oniriques) voire de clichés (les traumatismes viennent de l'enfance). Ainsi, malgré les efforts méritoires des interprètes - dont Gina McKee, que l'on prend plaisir à retrouver, et malgré toute la sincérité qui anime Desplechin, rien à faire : on s'ennuie ferme.
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Verbeux, flou : "Jimmy P." a de l'ambition mais Desplechin semble hors sujet.
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(...) en dépit de la qualité des interprètes ces deux heures de divan sont une invitation au sommeil.