Toutes les critiques de Je voudrais aimer personne

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Dès le premier plan, montrant Sabrina qui lance, face à la caméra : « Moi, j’suis une meuf bizarre », avec son accent traînant de l’Est, cette fille-là nous harponne, avec ses qualités et ses défauts. Peu à peu, son quotidien se révèle dans des scènes filmées frontalement par la réalisatrice, qui n’a aucune intention de se faire oublier. Ce dispositif troublant nous interroge sur la lisière entre réalité et fiction, vérité brute et re-création. Est-ce qu’on me balade avec cette fille en mouvement constant, cette Rosetta de docu-fiction ? Peut-être, finalement, mais peu importe. Une évidence est là, celle d’une gamine, d’une presque femme, et de son énergie à vivre. Malgré tout.

Les critiques de la Presse

  1. Les Inrocks
    par Vincent Ostria

    Malgré des dysfonctionnements en cascade, ce qui prime, c’est un naturel, une crudité basique des personnages (avec leurs tatouages, leur accent, leur gouaille) dont la fiction française semble avoir perdu le secret.
    Cela se traduit par une myriade de séquences d’une splendeur hypnotique : le départ pour le baptême devant l’immeuble HLM ; la très renoirienne séquence de la baignade des enfants durant laquelle Sabrina se dispute avec sa mère ; la virée à la fête foraine de Sabrina et Belinda avec un jeune et beau gitan…
    Autant de scènes, de figures qui sont devenues lettres mortes dans un cinéma français où les termes de “prolétaire” et “populaire” semblent devenus désuets. “Les gens de cette marge ne sont pas présents ni représentés”, remarque la cinéaste.
    En tout cas ici, ils existent bel et bien. Ils crèvent l’écran.

  2. StudioCiné Live
    par Thierry Chèze

    Jamais misérabiliste, Je voudrais aimer personne raconte avec pertinence cette jeunesse d'aujourd'hui qui souffre en silence et à qui elle laisse la parole, sans s'appuyer sur la béquille de la voix off. On en sort bouleversé au sens premier du terme.

  3. Elle
    par Anne Diatkine

    C'est un portrait au sens propre, tant la caméra capte la moindre des expressions de Sabrina. En s'attachant à la singularité, Marie Dumora ne noie jamais cette famille dans un bain sociologique plus vaste qu'elle.

  4. L'Express
    par Julien Welter

    Si la hargne fait de Sabrina une Rosetta française, la réalité est toujours moins bien ficelée qu'une fiction des frères Dardenne. Malgré sa construction un peu décousue, ce portrait clôt une trilogie sincère sur les oubliés de la réussite sociale.

  5. A voir à lire
    par Virgile Dumez

    Quelque part entre le Rosetta des frères Dardenne et du Sans toit, ni loi d’Agnès Varda, Je voudrais aimer personne est un documentaire sans aucune affèteries stylistiques, d’où émergent quelques très belles séquences célébrant la vie. En toute simplicité.

  6. Télérama
    par Samuel Douhaire

    Comme la Rosetta des frères Dardenne, Sabrina se bat pour trouver sa place dans une société qui la marginalise. Je voudrais aimer personne est scandé par les images de la toute jeune femme marchant d'un pas rapide vers une vie qu'elle espère meilleure. Marie Dumora montre ses ­débuts (difficiles) dans l'hôtellerie, les discussions avec son éducateur compréhensif, les moments de complicité avec sa soeur et son bébé, mais aussi les terribles disputes avec sa mère - un déjeuner sur l'herbe démarre dans les rires et se conclut dans les insultes. Le film joue sur la durée et sur des temps morts, parfois trop. Mais qu'elle cadre en très gros plan ou au contraire qu'elle prenne du champ, la réalisatrice reste à la bonne distance. Ce n'est pas si fréquent...

  7. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Marie Dumora réussit à filmer la notion d'impasse existentielle, en même temps qu'elle guette tout ce après quoi s'accroche son "héroïne", droite dans ses bottes blanches, résolue à payer tous les frais du baptême avec ses économies, déprimée de devoir revenir dans ce foyer qu'elle considère comme une prison. "Qu'est-ce qui te manque pour être heureuse ?" lui demande un aide social. "Arrêter de penser !" On la quitte sur un pont où elle s'est arrêtée pour regarder le paysage, la lumière qui lui "tape dessus". On la quitte sur l'effet que suscite en elle cet éblouissement : "C'est magnifique !".