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Il y a deux films dans Jaffa. L’un dénonce le racisme endémique qui pourrit les relations forcées entre juifs et « Arabes israéliens ». L’autre développe une histoire d’amour clandestine entre la fille et son jeune collègue palestinien. La mort du fils de la famille coïncide – grande idée – avec le rapprochement tragique de ces deux situations poussées à leur paroxysme : c’est parce qu’il déborde de haine que Meir est malencontreusement tué par Toufik, sur le point d’épouser Mali en secret. Le minimalisme de la mise en scène (deux décors principaux : un appartement et le garage ; des plans fixes très composés) ajoute à la sensation d’isolement et d’étouffement qui caractérise les personnages, pris au piège du dogmatisme ou du renoncement.
Toutes les critiques de Jaffa
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce film (...) induit toute la complexité et la richesse de vivre ensemble en ce lieu-là.
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Mine de rien, Keren Yedaya signe un film extrêmement dérangeant, où elle s'en prend aux hypocrisies politiques, aux mensonges sociaux, aux contradictions de la société israélienne. Ses critiques sont à déceler dans une histoire romanesque, une chronique où l'avenir d'un pays passe par la responsabilité de chacun de ses individus. Les comportements des personnages y échappent à la caricature, tous respectables dans le mystère de leur être, dans le souci de leur accomplissement. L'hypocrisie politique y transpire sous un drame humain complexe.
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Ici, ce sont des zooms caressants qui semblent traquer les paroles et les gestes – insignifiants – qu'échangent les héros, mais aussi leurs silences, nettement plus éloquents. Tous semblent murés, en effet, dans l'effroi de se voir tels qu'ils sont. Tous, sauf le « fils maudit » de la famille, l'inadapté, le révolté violent et raciste, celui que tue l'amoureux palestinien. L'audace de Keren Yedaya, c'est de filmer sa disparition comme un soulagement pour les siens, presque une libération.
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Voilà, une nouvelle fois venu d’Israël, un film coup de poing sur les relations entre arabes et juifs, à Jaffa. On retrouve deux grands acteurs israéliens Ronit Elkabetz et Moni Moshonov, dans les rôles de parents dépassés et bouleversés par les événements dramatiques qu’ils vont vivre. Ils apportent à cette œuvre courageuse toute leur expérience d’acteurs et de citoyens engagés contre tous les murs. Malgré une réalisation qui parfois abuse des zooms, « Jaffa » impressionne et c’est le plus important, par l’intensité de son histoire et le drame qui s’y joue. On peut le voir comme un cri, celui d’une jeune femme qui souhaite pour l’enfant qui viendra, que le jour se lève enfin sur deux peuples en paix.