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Deux truands minables, trois crimes de sang dont on peine à sonder les motivations aberrantes (le vol d’une voiture), un système de répression judiciaire à l’avenant (dans l’horreur et l’absurdité administrative, s’entend) : l’enquête en question porte bien son nom. De la valse des témoignages, tous plus édifiants les uns que les autres, à la balade d’Herzog sur les lieux du crime (un Texas white trash en guenilles où, entre deux mobile-homes, macèrent cadavres et vieux fantômes), le fi lm opère une descente en piqué dans les soubassements d’une communauté percluse de douleurs où chacun est placé dans une logique égalitaire effrayante. Ici, nul n’est épargné par cette affliction sourde et miséreuse que le cinéaste enregistre avec son ambiguïté habituelle, mélange de goguenardise frigorifique et de compassion subrepticement crapoteuse. Tous sont frappés par cette malédiction d’un « vivre ensemble » épouvantable : coupables officiels (qui, enfermés à triple tour, se renvoient la responsabilité du crime comme deux gamins immatures), entourage des victimes (dont une bonne moitié pourrait occuper la place des condamnés), chevilles ouvrières de l’administration carcérale (hantées par leur fonction macabre). On pense bien évidemment à De sang-froid, de Truman Capote, dont Into the Abyss s’avère le remake officieux et qui, cinquante ans après, dresse exactement le même constat. Une permanence qui achève de rendre bougrement essentiel ce documentaire a priori anodin.
Toutes les critiques de Into the Abyss
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Werner Herzog inspecte avec une salutaire brutalité le monde d'un meurtrier condamné à mort.
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Sans jamais mettre en scène l’émotion ou la dénonciation, sans se prononcer sur la peine de mort, le réalisateur d’« Aguirre ou la couleur de Dieu » livre un portrait époustouflant d’une certaine Amérique blanche, pauvre et déclassée, dont les âmes perdues font frémir.
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Le vertige du film tient à ce grand écart entre ces actes individuels monstrueux, perpétrés dans la plus grande indifférence morale, et une sorte de fatum qui s'abat sur les individus déjà meurtris par le malheur. Une fois le film terminé, quelque chose comme un frisson métaphysique aura parcouru l'échine du spectateur.
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Pas de sensiblerie ni de complaisance dans le récit de ces vies brisées. Un tragédie à l'état brut.
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Le maître Werner Herzog autopsie les injustices et les contradictions du système carcéral américain dans "Into the Abyss". Indispensable.
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Plus il est froid et détaché dans sa forme, et plus Into The Abyss laisse filtrer les émotions profondes des protagonistes de l'affaire. C'est tout le paradoxe de ce film où, pour montrer la beauté de l'humain, il faut d'abord le disséquer sans pitié.
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On le savait depuis le prodigieux « Grizzly Man » : Herzog redéfinit la place traditionnelle du cinéaste en ce sens qu’il pénètre des images tournées par d’autres, parvient à filmer un événement sans y être (la mort de Perry). Et tout ça avec une modestie formelle qui, au premier coup d’œil, ferait passer l’ensemble pour un banal reportage crapoteux. Ne pas s’y tromper : « Into The Abyss » est bel et bien un monument de cinéma.
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Quand le film descend dans les abysses suggérés par son titre, se lève ainsi une ronde de morts et de sang qui semble n'avoir plus de fin. Arrivé à ce seuil extrême des peines racontées sans affectation par les protagonistes face à la caméra, le film ne distingue plus l'infinie émotion qu'il a fait surgir de l'outrance produite par cette accumulation d'images morbides.
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Au final, « Into The Abyss » tient à la fois de la méditation métaphysique sur le chaos (l’obsession d’Herzog) et du portrait anxieux de l’Amérique contemporaine. Un film puissant qui connaîtra une descendance puisque le cinéaste, depuis, a déjà réalisé une série documentaire, « On Death Row », consacrée à quatre condamnés à mort, au Texas et en Floride.
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Si l’on voulait résumer grossièrement ‘Into the abyss’, on pourrait dire qu’il s’agit d’un documentaire sur la peine de mort. Pourtant, cela reviendrait à réduire injustement la portée du film qui, en recueillant les témoignages et sentiments de chacun, nous livre, au fond, une intense réflexion sur l’âme humaine, sur la société et sur la mort. Si riche qu’il en est impossible à résumer, ne jugeant jamais mais cherchant à sonder les abîmes de la psyché, ‘Into the abyss’ est un des documentaires les plus implacables et intelligents qu’on ait vus ces dernières années. Par contre, il vous coupe clairement l’appétit.
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Dix ans plus tard le cinéaste d'Aguirre et d'Ennemis Intimes cherche à comprendre. Pas à justifier ni à juger. Il rencontre les familles, un ancien bourreau, et Michael Perry, quelques jours avant son exécution. Impressionnant.
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C’est un film essentiel. Il parle de destruction sur 1 h 45 mais le rire vous prend parfois. Par surprise. On pourrait écrire que c’est un film sur la peine de mort, alors que c’est beaucoup plus que cela. (...) Into the Abyss est une photographie sans filtre de l’Amérique dont on ne parle pas.(...) Herzog gratte derrière le malheur tristement banal et trouve la vie normale, avec ses joies, aussi.
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Personne n'est jugé, personne n'est expliqué mais chacun est scruté dans le blanc des yeux afin peut-être de restituer moins une expérience qu'une vision que doit transmettre au public le film.
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Dans un enchaînement de faits et de témoignages sidérants et effrayants qui racontent la chute dans les abîmes d'une Amérique anonyme ordinaire. Où l'on peut tuer pour seulement voler une voiture et vouloir un enfant d'un condamné pour lequel on s'est pris de passion.
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"Into the Abyss" est un film sur la mort elle-même : une ronde funeste et absurde, qu'orchestre avec finesse l'auteur d'"Aguirre".
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Herzog invite à une descente dans les profondeurs de la détresse humaine et de la désolation américaine.
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Sans complaisance, conservant avec son terrifiant sujet une distance intègre, (Werner Herzog) plonge au coeur des ténèbres d'une Amérique en effet abyssale.
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La chose la plus importante que l’on retient de ce film triste et douloureux, c’est qu’il y a toujours une petite lueur qui scintille même au fond du tunnel le plus noir.
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L’enquête d’Herzog à travers ce documentaire va beaucoup plus loin qu’une simple revendication contre la peine de mort.
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Un regard troublant, déchirant sur la sentence de la peine de mort aux Etats –Unis.
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A vos scaphanfre ! La pression sur le spectateur s'accroît à mesure que Wernez Herzog descend cette affaire comme dans un fosse marine. Le réalisateur , impeccable, ne livre aucun plaidoyer. Juste une petite phrase de Nietzsche en exergue de ce documentaire magistral : "Quand ton regard pénètre longtemps au fond d'un abîme, lui aussi pénètre en toi." Mission accomplie.
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Une enquête sur des questions fondamentales de société d’ordre moral, philosophique et religieux ; un constat sur la violence humaine, qu’elle soit individuelle et institutionnelle.
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Herzog livre un témoignage trouble et profond sur la condition humaine.
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Une plongée saisissante dans l'Amérique profonde, ses démons, son chaos mais aussi ses espoirs.
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Werner Herzog examine la peine de mort dans « Into the abyss » à travers son regard, comme c’est le cas à chaque fois, il est toujours passionnant de découvrir un sujet à travers la vision du monde de ce réalisateur.
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Documentaire assez classique pour Werner Herzog, mais cohérent avec le reste de son œuvre, Into the Abyss est la description froide et méthodique d’un cas de peine de mort au Texas.
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Into the Abyss propose un nouveau regard sur le crime et sur la réponse qu’y apporte l’État. Images-choc, interviews-émotion et voix off explicative : vu sous un certain angle, Into the Abyss lorgne dangereusement du côté du reportage. Comme de coutume dans le cinéma documentaire de Herzog, le film ne se résume pourtant pas à ce simplisme apparent.
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Un film paradoxal, à la fois extrêmement sinistre et en même temps très humain.
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Le réalisateur allemand déroule le fils de l'enquête, et s'interroge sur la peine de mort en compagnie des acteur de cette tragédie humaine. Passionnant.
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Le plus passionnant est moins la reconstitution du crime que le talent de Herzog à susciter la parole et les gestes.
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Captivant et glaçant.
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Herzog continu de sonder l'âme humaine avec la sagesse du vieil homme. Ses pointes d'humour transcendent la noirceur du sujet et restituent toute la dimension émotionnelle de ce qu'on qualifie, hâtivement, de fait divers.
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Tous les sujets traités par Herzog valent le détour. Une fois de plus, son dernier documentaire est une étude perspicace sur la cruauté de la nature humaine.
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Un documentaire qui se veut à charge contre la peine de mort mais qui se transforme très rapidement en une introspection mystique et mortifère peu surprenante chez Herzog mais assez déplacée ici car donnant finalement du grain à moudre aux partisans de la chaise électrique et autres injections létales.
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Globalement décevant, surtout de la part d'un réalisateur comme Herzog.
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Images d'archives sanglantes, musique écrasante et recherche perpétuelle du spectaculaire auraient pu nous être épargnées.
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Au lieu de nous proposer un examen pertinent sur les incohérences perturbantes de la peine de mort, Herzog se complait dans un portrait larmoyant, inefficace.