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Petit hasard des influences : le mois dernier, le jeune réalisateur Vincent Le Port parlait de l’un des éléments déclencheur de son film Bruno Reidal : la nouvelle de José Luis Borges, La Demeure d’Astérion. Un texte bref et sublime où le Minotaure raconte sa vie de reclus et de paria au cœur du labyrinthe, attendant la mort… A priori plus proche de son sujet que Bruno Reidal (qui raconte, rappelons-le, un fait divers sanglant dans le Cantal de 1905), Icare est un film d’animation mythologique et lumineux dans la Crète antique. Et dans cette version à peine révisionniste de la légende (Thésée y est un connard arrogant et Ariane, une princesse un brin manipulatrice), vue du point de vue du fils de Dédale, on ne peut s’empêcher d’entendre les échos des mots de Borges (« Peut-être ai-je créé les étoiles, le soleil et l’immense demeure, mais je ne m’en souviens plus »…), et les reflets des visions labyrinthiques et crépusculaires de Fumito Ueda (Shadow of the Colossus, Ico, The Last Guardian). Le réalisateur Carlo Vogele est passé chez Pixar, où il a travaillé sur Toy Story 3 ou Rebelle, mais semble ici avoir voulu jouer absolument contre la prudence rassurante et les démonstrations de force d’une production familiale d’un gros studio. Épopée mythologique chuchotée, murmurée dans les ruines de Cnossos, portée par un véritable sens de la tragédie et du cinéma (la musique baroque en contrepoint, l’animation poussée dans ses retranchements…), Icare n’est pas très loin du sans faute.