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Le Halloween millésime 2018 était une superbe promesse. Relançant la franchise matricielle du slasher sous la houlette de Jason Blum et de Big John (Carpenter) en personne, David Gordon Green avait réussi à rendre à nouveau pertinentes les déambulations meurtrières de l’antique bogeyman Michael Myers, après 40 ans de sévices. Evitant tous les pièges de notre époque dopée aux revivals (la nostalgie, les clins d’œil, l’ironie méta), il frappait fort en revenant aux fondamentaux : simplicité, brutalité, Jamie Lee Curtis en majesté. La déception provoquée par ce Halloween Kills est donc à la hauteur de l’espoir suscité. Se détachant de la figure de la baby-sitter résiliente Laurie Strode (Curtis), ici réduite au rang de figurante de luxe, Gordon Green tente d’élargir le cadre extrêmement minimaliste de la saga et de tendre un miroir à l’Amérique post-Trump, en s’intéressant aux traumas des autres habitants d’Haddonfield – la fille et la petite-fille de Laurie, le shérif Hawkins, des survivants du film originel devenus grands (le petit Tommy, que Laurie gardait lors de la première « nuit des masques », interprété ici par Anthony Michael Hall), etc. Soit beaucoup (trop) de monde pour un film sans centre de gravité, ni véritables intentions, sinon celle, tellement voyante qu’elle en devient désagréable, de passer les plats en attendant le gros morceau, le clash ultime entre Laurie et Michael, qui sera au cœur du prochain opus annoncé pour 2022, Halloween Ends. La fin d’Halloween ? Des promesses, toujours des promesses…