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Tant qu’à découvrir Sono Sion, l’un des réalisateurs japonais les plus intéressants actuellement, autant commencer par Guilty of Romance, son huitième long métrage, mais seulement le premier à sortir en France. C’est l’un des plus maîtrisés et des plus séduisants visuellement. Sion y développe son habituelle prédilection pour les personnages qui cherchent à échapper aux normes, tout en accordant une grande importance aux points de vue féminins. Le film commence par la découverte macabre d’un cadavre découpé. Sept chapitres reviennent alors sur la succession d’événements qui a conduit à ce puzzle sordide impliquant deux femmes animées par la même volonté de s’affranchir des conventions sociales en utilisant leur corps. La mise en scène colorée et ludique met en valeur un très beau texte qui trahit les penchants littéraires et poétiques du réalisateur. La partie la plus sulfureuse de l’action a lieu dans un endroit glauque appelé « le château ». En référence ouverte à Kafka, qui a décrit un endroit inaccessible dont tout le monde cherche l’entrée, c’est ici une métaphore de la recherche du père dans une sous-intrigue oedipienne. Le film est magnifiquement interprété, à commencer par la pulpeuse Megumi Kagurazaka. Quant à Makoto Togashi, sidérante dans le rôle de la fille de famille dévoyée, elle semble incarner une citation du film : « Les ténèbres sont plus épaisses que l’ombre. » Il y a quelque chose de Georges Bataille dans cet érotisme libérateur mais tragique.
Toutes les critiques de Guilty of Romance
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Violent, fluo et troublant : trois adjectifs pour qualifier le dernier film de Sono Sion, à mi-chemin entre les mélodrames de Douglas Sirk et les romans de Murakami Ryû. Un polar désespéré et destructeur.
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Œuvre foisonnante, multiple et provocante, Guilty of Romance prend le risque de perdre les spectateurs en route, mais les plus braves ressortiront de ce tourbillon passionnés par ce portrait de femme(s) pénétrant et électrique.
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sur plus de 2h30, cette grande tornade réclame beaucoup d'énergie et ce serait épuisant s'il n'y avait pas cette fluidité sans cesse irriguée par une brutalité souple, s'il n'y avait pas cette liberté des corps (les édens pileux ne sont pas pixélisés), s'il n'y avait pas ce souffle tragique ou encore ce lyrisme qui revient par des portes dérobées sans jamais quitter le film. C'est aussi la preuve que Sono Sion s'impose de plus en plus sérieusement comme l'héritier de Shuji Terayama. Il ne lui reste qu'à persévérer dans cette voie pour atteindre, à chaque fois, une dimension encore plus corrosive.
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Sono Sion retrouve la grande dimension formaliste et expérimentale du cinéma japonais des années 60-70 : c'est le visible lui-même qui cède et les couleurs qui explose sur les corps. Si, après l'apocalypse, la mort et les ténèbres, il ne reste qu'un monde réduit aux seules pulsion, celui-ci n'est pas exempt d'une joie secrète.
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Un reboot érotique et bruyant des romans porno japonais des années 70, éclaboussé par la fureur noire de Sono Sion, dont le cinéma n'avait jamais paru si violemment désespéré, intensément nihiliste.
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Sono Sion plonge le spectateur dans une spirale de dépravation ponctuée d'à-coups hystériques et de petits moments de grâce. Sanglant, tordu et érotique. Comme ses précédents films, "Suicide Club" (2001) ou "Cold Fish" (2010), "Guilty of romance" est à voir.
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Les qualités du film résident (...) dans une manière de capter la sensualité immanente du monde lorsqu'il choisit la voie du dérèglement.
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"Guilty of Romance" s'avère assez frustrant tant l'élan, le trouble et les fulgurances se trouvent trop souvent rompus par (...) un goût de la provocation insistante et dispensable.
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par Yann Lebecque
Très cultivé, référentiel et cruel, "Guilty of Romance" devrait faire découvrir au plus grand nombre le cinéma de Sono Sion, mais pas sûr que l'accueil en sera largement positif.
Le film séduit, sous le vernis de l'exercice de style, par sa complexité narrative et ses échos littéraires — nombreuses citations de Kafka. Et par l'ambiguïté du parcours de l'héroïne, entre émancipation et déchéance.
Pudibonderie moyenâgeuse contre dévergondage en love hôtel technoïde, ping-pong hystérique entre le désir et la mort, ce semi-polar érotique ne lésine pas sur les poncifs. Mais cet abattage souffreteux ne produit pas le moindre trouble, sinon une enfilade de gesticulations franchement pénible.