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Le réalisateur de Brooklyn Village pose pour la première fois sa caméra en Europe sans convaincre. L’une des rares déceptions cannoises.
Dans un Cannes 2019 d’un niveau exceptionnel, ce Frankie a fait figure d’exception. Et de mauvaise surprise pour tous ceux que le cinéaste avait séduits avec Keep the lights on, Love is strange ou Brooklyn Village, qui tous abordaient la réalité sociale américaine sans pour autant se poser en donneurs de leçons. Avec Frankie, il traverse l’Atlantique. Direction : Sintra, au Portugal, où une actrice française gravement malade a décidé de réunir ses proches pour ses dernières vacances. Certes, on retrouve ici toute la délicatesse de Sachs, qui éloigne cette histoire de toute facilité larmoyante. Sauf qu’à la longue, Frankie tend vers la neurasthénie : à force d’ellipses mal maîtrisées donnant lieu à des explications de texte pataudes, le film, qui lorgne du côté de Woody Allen en oubliant sa dimension comique, s’effiloche. Et s’enferre dans une ambiance dévitalisée et un rythme atone, sans que jamais on ne s’attache à Frankie (Isabelle Huppert). Sachs nous en montre tous les défauts mais pas ce qui explique pourquoi tous les personnages qui l’entourent tiennent autant à elle. Et en multipliant justement ces personnages, Sachs se piège lui-même. En 1h38, il ne peut que rester à la surface des choses et ne creuser aucune des mini-histoires qui composent son récit. Avec ce film, Ira Sachs s’ajoute donc à la longue liste de cinéastes étrangers qui, en s’éloignant de leur terrain de jeu habituel, ont perdu en route ce qui faisait le sel, la singularité et la force de leurs œuvres.