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À la manière d’un Bruno Dumont, qui ne convoquerait ni Dieu ni Diable pour expliquer la naissance et la propagation du mal, c’est les pieds plus que jamais sur terre que Laurent Cantet poursuit son inlassable exploration de la violence. Hier sociale (Ressources humaines), psychologique (L’Emploi du temps), sexuelle (Vers le Sud) ou culturelle (Entre les murs), elle s’enracine aujourd’hui dans la mythologie ambiguë de l’Amérique des fifties pour plonger ses héroïnes dans un enfer d’ennui, de machisme et de frustrations dont elles ne peuvent sortir qu’en appliquant la loi du talion. Attentif à ne surtout pas les glorifier, le cinéaste traque, sur un tempo de thriller à la tension parfois terrible, les limites les plus contestables de leur révolte, aidé dans sa démarche par une magistrale troupe d’actrices majoritairement non professionnelles. Jusqu’à un épilogue en forme d’uppercut, dont le souffle follement épique empoigne autant qu’il interroge.
Toutes les critiques de Foxfire, confessions d'un gang de filles
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Inspiré sur le fond comme sur la forme, Laurent Cantet remet sur son beau métier ses thèmes de toujours et signe une somptueuse épopée féminine qui évite tous les clichés du genre.
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Hautement sensuelles et farouchement contestataire, ces "Confessions d'un gang de filles" hanteront longtemps les rêves, et les cauchemars, des spectateurs.
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L'intelligence du casting alliée à un engagement de jeu très anglo-saxon et à une direction d'acteurs impeccable confirment à nouveau le savoir-faire de Laurent Cantet quand il s'agit d'exposer les lignes de force d'un groupe.
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Soutenu par des actrices aussi naturelles que débutantes, et transposant habilement les codes du thriller à sa chronique adolescente, Laurent Cantet dresse le portrait enragé d’une jeunesse opprimée, courant inéluctablement à sa perte. Intelligent et bouillonnant.
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« Foxfire », coup de poing américain et féministe, porté par une ribambelle de comédiennes non professionnelles qu’on a toutes envie de prendre dans ses bras, touche au cœur et au foie.
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Comme dans "Entre les murs" Laurent Cantet caste des non-professionnelles, sidérantes de naturel et d'émotion.
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Laurent Cantet jette un regard à la fois romantique et dur sur cette bande de paumées qui s'inventent, pour le pire, ses propres lois. Peut-être le film est-il un peu long. Mais la vérité crève l'écran.
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Le film a la ferveur de l'adolescence et réussit à ne jamais être muséal, mais au présent.
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Une bande comme un feu follet, avec une organisatrice effrontée, une scribe narratrice, et quelques autres gamines (...) qui se rebellent, avec tags et armes à feu (...) c'est jubilatoire !
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Un beau thriller politique.
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Emmenées par une étonnante Raven Adamson dans le rôle leader de Legs, une équipe de jeunes interprètes non professionnelles donne expressions et couleurs à ce portrait de groupe dans la dérive.
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Chez Cantet, on évite de caster une bombe à la Jolie et c'est tant mieux: les actrices, fabuleuses, sont quasi toutes amatrices et ont des visages qu'on a trop peu l'habitude de voir à l'écran.
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Foxfire n'est pas le grand film qu'il aurait pu être, mais la révolte qu'il décrit est universelle.
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Le réalisateur d'"Entre les murs" brosse des portraits passionnants d'adolescentes enragées par les injustices sexistes.
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On en profitera pour saluer l'énergie de toute la bande de comédiennes, non professionnelles sauf une, ce qui n'est pas sans rappeler le principe d'"Entre les murs", sinon qu'ici l'auteur est allé à leur recherche.
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C’est là toute la beauté du film, ce feu de jeunes femmes qui consume tout risque de passéisme rétro et embrase l’écran.
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"Foxfire" a la lucidité objective d'un compte rendu expérimental.
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Relevant le double défi du film d’époque tourné en terre anglo-saxonne, Laurent Cantet, auteur de Ressources humaines (2000), palme d’Or à Cannes en 2008 avec Entre les murs, donne naissance à une œuvre très singulière, portée par une petite troupe de comédiennes jusque-là inexpérimentées mais à l’authenticité très convaincante.
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ménageant une tension qui va crescendo, il livre un thriller social, souvent poignant et sans manichéisme, avec une troupe d’actrices en majorité non professionnelles mais stupéfiantes de talent.
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Situé dans l'Amérique des années 50, Une mise en scène fluide et en perpétuel mouvement, un film poignant sur la perte des idéaux.
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à force de tout baliser, il néglige le souffle romanesque. Pas assez incarnées, les filles restent des esquisses.
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Plus "confessions" que vraiment "gang de filles" le film de Laurent Cantet bénéficie d'une forme travaillé, d'une direction d'actrices très précise et d'une narration maîtrisée. Mais l'ensemble ennui, faute de rythme et d'enjeux forts.
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Cette version franco-canadienne de ‘Foxfire’ préfère se contenter de raconter une histoire, de l’incarner au plus près sans chercher à imposer un message au spectateur, en le laissant libre de son regard. Parfois même au détriment d’un certain recul.
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Noyé sous le vernis de sa joliesse standard, le film ne parvient pas à être réellement combattif.
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Cantet continue d'observer le malaise de la jeunesse. Tendu comme un thriller, le résultat impressionne.
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Cantet a choisi ses actrices parmi des jeunes filles inexpérimentées avec le même bonheur que pour Entre les murs. Il a demandé à ces teenagers qui ont l'âge (et la nationalité) de Justin Bieber de revenir à un état d'innocence et de révolte qu'elles semblent avoir trouvé du premier coup. Raven Adamson et ses camarades se meuvent dans cet univers flottant entre histoire et utopie avec une aisance à couper le souffle. Ce sont elles qui font oublier les artifices du scénario et font passer les démonstrations politiques un peu systématiques. Elles, finalement, qui raniment la flamme de la révolte.
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Comme souvent chez Laurent Cantet, la part chaude du cinéaste militant de gauche lutte sans fin avec une certaine froide amertume de l’intellectuel politisé. Foxfire, à cet égard, peut se voir aussi dans ses ultimes développements comme une terrible vision de l’altruisme dévoyé, en écho lointain aux analyses de Theodor Adorno quand il dit à propos de ces libérateurs impitoyables toujours prompts à proposer leur soutien : «leur insistance à aider cache une allusion tacite à la supériorité du pouvoir de collectivité et de groupes avec lesquels nul ne peut se permettre d’entrer en conflit».
Le casting de Foxfire est composé pour l’essentiel de non professionnelles, découvertes au terme d’auditions de plus de 500 filles. Mené par la révélation Raven Adamson, le groupe de ces jeunes actrices est remarquable. Il faut aussi noter le travail de reconstitution des fifties qui ne sacrifie jamais au chromo d’époque mais, s’inspirant notamment du travail du photographe Joseph Sterling et de son splendide album The Age of Adolescence (1959-1964), déblaie l’image de tous fétiches pour l’ouvrir au vent, au vide, au ciel.
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Laurent Cantet les observe dans un style proche du documentaire, avec une sorte de neutralité bienveillante qui donne à la description sa justesse, mais la prive d'un élan, d'une nervosité romanesque qui emporterait l'adhésion. Il a parfaitement choisi ses jeunes interprètes (notamment Raven Adamson dans le rôle de Legs) et les filme avec empathie. Pourtant - est-ce la durée excessive (2 h 23) ou le côté assez informe de cette utopie? -, le film s'étire, intéressant ou intrigant parfois, non captivant, comme un suspense irrésolu.
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Les jeunes interprètes portent d’ailleurs le film avec beaucoup d’énergie. Mais n’empêchent pas de trouver le temps long, car le scénario s’étire sur 2h23 sans qu’on en voie, ni dans la mise en place ni dans la suite des petites exactions du gang, la justification. Dommage, car on est face à du beau cinéma.
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Relevant le double défi du film d'époque tourné en terre anglo-saxonne, Laurent Cantet (...) donne naissance à une oeuvre très singulière, portée par une petite troupe de comédiennes jusque-là inexpérimentées mais à l'authenticité très convaincante.
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L'auteur de "Ressources humaines" ne s'était jamais embarqué dans un travail de reconstitution. Sur ce plan, il réussit haut la main l'exercice. Son gang de mineures tatouées est l'autre force du film. Malheureusement, l'ensemble pâtit de sa longueur et dilue sa tension dramatique.
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Un film parfois hybride, porté par un sujet fort, un fond hélas toujours d'actualité et joué magistralement par de jeunes comédiennes.
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Cette version franco-canadienne de ‘Foxfire’ préfère se contenter de raconter une histoire, de l’incarner au plus près sans chercher à imposer un message au spectateur, en le laissant libre de son regard. Parfois même au détriment d’un certain recul.
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Une chronique féministe fifties très romanesque.
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Si la vie intime du groupe de filles est rendue avec grâce, le charisme de ses membres fait parfois défaut et le récit de leur émancipation ne convainc pas tout à fait, même après deux trente de film.
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Car le film reste prisonnier d’un certain vernis de la reconstitution, et d’une soumission au récit classique (...) qui l’empêche de déborder, là où foisonnent pourtant les transformations – d’un petit gang de quartier, les Foxfire deviennent l’étendard féministe du coin, avant de constituer une communauté auto-suffisante retirée dans une grande demeure, puis de virer au banditisme révolutionnaire. Cantet échoue également dans la transposition de sa méthode de travail sur Entre les murs, basée sur l’improvisation et la reformulation. Prise dans l’étau de la reconstitution et d’un récit signifiant – trajectoire montante puis descendante des personnages, comme un aveu d’échec formulé dès le début du film par la narratrice – cette méthode ne réussit à produire que des images déjà vues ici et là, impression renforcée par un montage enfilant les séquences comme des perles au son (agréable) du groupe canadien Timber Timbre.