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Après L’Agence tous risques et The Karate Kid, voici un nouveau revival 80’s dont on aurait pu se passer. Mais que les puristes se rassurent : le réalisateur Craig Brewer (Hustle & Flow)
a un tel respect du matériau originel qu’il en propose ici quasiment un copier-coller (mêmes scènes, mêmes dialogues, mêmes chorégraphies country-rock, tout ça dans le même ordre mais sans Kevin Bacon). Anachronique, le résultat ne l’est finalement pas beaucoup plus que l’ancienne version, fable politique à la Capra en forme de musical pour ados, qui faisait le pari bizarre de filmer de jeunes rednecks organisant leur première boum tout en dissertant sur la séparation de l’Église et de l’État... Moins pêchu que n’importe quel épisode de la série Glee, Footloose dispose néanmoins d’un atout imparable : aujourd’hui comme en 1984, impossible, une fois la séance terminée, de s’enlever ce maudit refrain de la tête (« Loose, footloose / Kick off your Sunday shoes »). Si vous êtes déjà en train de fredonner, il y a des chances que ce film soit fait pour vous.
Toutes les critiques de Footloose
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Si Footloose version 2011 n’est pas une oeuvre personnelle, elle se démarque intelligemment des productions récentes du même genre, en développant la psychologie des personnages, plus finement définis et moins caricaturaux. Dans un contexte ultra conservateur où la religion s’est substituée à la loi de l’état, imposant un couvre feu à la jeunesse locale, qui n’a plus le droit de sortir après 23h, et de bouger leurs corps d’athlètes, à la suite de l’accident mortel de 5 ados bourrés, dont le fils du pasteur, c’est un véritable hymne à l’adolescence qui est proposé ici, dans toute sa fougue et son ébullition d’hormones. Plutôt que d’illustrer l’expression il faut que jeunesse se passe, le jeune déporté de Chicago qui finit dans le bled bouseux de Bomont, peu après la mort de sa mère, semble vouloir nous dire qu’il faut que jeunesse se vive. Il se pose en véritable plaidoyer contre l’Amérique ultra conservatrice des tea-parties, réaffirmant le droit du jeune à vivre ses propres expériences et à commettre des erreurs.
Avec en tête d’affiche Kenny Wormald, un comédien qui n’est pas une gravure de mode, mais un danseur épatant (il a déjà servi de doublure à Justin Timberlake), la comédie musicale, sexy en diable, au discours jeune et franc, est une véritable cure de jouvence, qui exhale l’énergie adolescente et exalte les sens, et se justifie entièrement dans sa relecture du film de 1984. Une bouffée d’air frais dans un genre morpion, trop souvent animé par la mauvaise formule, ici enfin réhabilité par le beat et le groove, et une jeunesse flamboyante. -
Footloose 2011 commence plutôt bien, d'abord avec un générique minimaliste et sautillant, puis une scène de danse clandestine en mode « crunk » sur un parking, où se rencontrent Red et Ariel, la provocante fille du pasteur. On se prend alors à espérer une relecture un peu moderne du musical des années 1980, mais hormis ces quelques touches hip hop, Brewer ne parvient pas à planter des graines personnelles dans ce terreau balisé de toutes parts. Comme paralysé par l'atmosphère redneck, se traduisant par une soupe country FM envahissante, il se contente de filmer platement la love-story prévisible entre Ariel et Ren (incarnés par de bien lisses Kenny Wormald et Julianne Hough), en l'entrecoupant de quelques numéros de danse sans grand intérêt, de courses de camions, de blagues laborieuses (mission qui échoit au seconds rôles, insipides) et de sermons sur la libération des esprits : on apprend qu'elle peut survenir via les déhanchés des jeunes, d'accord, si ça peut les calmer, mais alors uniquement s'ils respectent la tradition religieuse.
Idée qu'on nous vend comme progressiste, résumée par un bal « officiel » où les adolescents dansent le hip hop sur de la country. On aurait bien voulu y croire, mais c'est filmé si paresseusement qu'on voit surtout dans cette réconciliation un compromis peu enthousiasmant. L'ennui culmine dans une scène de procès, heureusement écourtée par Brewer, où Ren justifie l'utilité de la danse en citant la Bible. Le réalisateur semble alors se rendre compte du problème majeur de ce Footloose : non seulement il enfonce des portes ouvertes, mais à trop vouloir séduire tout le monde avec des discours vieillots, il ne convainc personne.
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Malgré la qualité de la réalisation de Craig Brewer, ce Footlose 2011 manque cruellement d'ironie et de mordant pour atteindre un second degré qui lui aurait donné toute sa saveur.
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Avec des intrigues et des dialogues à peu près équivalents à ceux d’un épisode des FRÈRES SCOTT (les premières saisons, s’entend), FOOTLOOSE est un produit de fast-food sans grande saveur bien qu’il ait un atout de taille, qui le rend anachronique : ne pas avoir cédé aux sirènes de la vulgarité, qui est généralement le raccourci facile pour cibler les jeunes. Radicalement vieux-jeu, il statue que les Écrits et la modernité peuvent faire bon ménage et que le droit à la fête est presqu’un commandement. C’est évidemment toute l’Amérique d’aujourd’hui qui se reconnaîtra dans cette tentative de conciliation. Et surtout, si vous vous attendiez à un simili STEP UP, où ça krumpe dans tous les coins et où on shake son booty de manière indécente, reprenez-vous. On se contentera d’une country endiablée tout du long (on vous rappelle que Craig Brewer, à l’origine de HUSTLE AND FLOW et BLACK SNAKE MOAN, est LE cinéaste actuel pour filmer le sud et ses autochtones bluesy), et des santiags tambourinant un vieux parquet. FOOTLOOSE, bâtard d’une union entre ringardise et bonne humeur, est extrêmement galvanisant par ailleurs, Brewer captant tout ça avec une vraie fascination pour l’énergie de la jeunesse et un réel sens du rythme. Malheureusement, pas sûr que même les ados s’y retrouvent.
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Qu’est-il arrivé à Craig Brewer, réalisateur de deux films sensuels et électriques sur la musique (le rap avec Hustle and Flow, le blues avec Blake Snake Moan), pour livrer un remake aussi pâlichon, servi par une BO sans goût et des acteurs falots ? Et qui peut croire, en 2011, que la possession d’un iPod fait d’un ado un parangon de subversion quand ses copains, eux, écoutent encore des K7 ?