-
Souvent présenté, de manière péjorative, comme un Spielberg bis (ce dernier lui a mis le pied à l’étrier), Robert Zemeckis est un entertainer qui, sous ses dehors aimables, cache un humaniste contrarié. La majeure partie de ses films questionne la conscience et la mémoire, fait la chasse à des fantômes qu’on croyait oubliés, plonge au plus profond de la psyché pour en extraire le meilleur. Avec Flight, sans doute son projet le plus ambitieux à ce jour – entendez, fi lm de prestige à grand sujet –, le réalisateur de Seul au monde revient jouer dans la cour des grands après une décennie passée à explorer les limites de la performance capture au travers d’une « trilogie » inégale (Le Pôle Express, La Légende de Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge). La première séquence du film en pose les enjeux. Aux côtés de Denzel/Whip, en train de comater dans son lit, une jeune femme sculpturale et dénudée s’affaire pendant cinq minutes. Ses fesses et ses seins sont offerts aux regards du personnage masculin et du spectateur. Cette nudité frontale, contraire à des canons hollywoodiens très stricts en la matière, est aussi surprenante que la présence de Denzel Washington dans une telle situation (sa pudeur est légendaire). La suite justifie cette entrée en matière inattendue : Whip est à la fois un héros américain (comme l'acteur, dans un contre-emploi fascinant) et une épave en sursis. Un alcoolique un peu junkie, dont la soudaine notoriété va révéler les failles béantes, dans lesquelles vont s’engouffrer les compagnies d’assurance (de l’avionneur, du syndicat du personnel de bord et des sous-traitants) pour éviter de payer les pots cassés. Flight est donc non seulement un grand film de rédemption souvent déchirant, mais aussi le reflet d’une Amérique intransigeante, procédurière et bigote, dont Zemeckis s’emploie à démontrer l’hypocrisie avec un sens de laprovocation réjouissant – outre cette ouverture insolente en forme de doigt d'honneur à la face des censeurs puritains, le cinéaste tape sur les extrémistes religieux et les ultralibéraux cyniques. Mais le coeur de ce long métrage, son âme, c’est Whip et son combat pour sortir de l’addiction et du mensonge, que le réalisateur met en scène de façon quasi impressionniste. Une église détruite, une rencontre amoureuse fortuite, une porte de chambre d’hôtel mal fermée sont autant de signes auxquels Flight se garde bien de donner une interprétation évidente, laissant le héros se dépatouiller avec la bouteille et sa conscience. Le cheminement intérieur du personnage, chaotique, est clairement une métaphore du vol-crash initial, sur lequel les spéculations sont aussi indécentes que cathartiques. Dans les deux cas, l’atterrissage est spectaculaire.
Toutes les critiques de Flight
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
-
Sur le plan de la réalisation et de la mise en scène, on est émerveillé par la qualité réaliste des effets spéciaux lors du crash, et l'intelligence avec laquelle sont élaborés les décors et leurs utilisations. (...) Mais il y a un domaine qui classe Zemechis par mi les cinéastes les plus talentueux actuellement : sa capacité à saisir la spontanéité d'une émotion sur un visage.
-
C’est un film pour Denzel Washington du début à la fin, on peut l’observer sous toutes ses coutures.
-
D'un pitch de film catastrophe Robert Zemeckis tire un suspenses psychologique qui repose entièrement sur le combat intérieur de son personnage principal. Lequel est interprété par un Denzel Whasington qui surprend encore, ni monstre ni héros, juste humain. Et donc très beau.
-
« Flight » nous rappelle à quel point Denzel Washington est un acteur talentueux, il défie les challenges et se met à nu, là où un autre acteur aurait échoué. On peut comparer sa performance à une boule de feu, une grenade sous marine, elle nous marquera pendant des décennies.
-
Après une première demie-heure vertigineuse consacrée au crash de l'avion, RobertZemeckis prend son temps pour poser les enjeux de cette descente aux enfers d'un héros confronté à ses vieux démons. Le résultat reste palpitant de bout en bout, porté par un Denzel Washington au sommet de son art.
-
Bien plus qu'un simple film catastrophe, Flight est une plongée complexe dans l'addiction et l'obsession du contrôle. (...) S'ensuit une plongée dans le déni parfaitement maîtrisée dans sa narration et dans l'interprétation. Magnifique.
-
Racontant le combat acharné d’un homme contre la justice qui lui réclame des comptes, Flight retrace aussi la lutte de Whitaker contre l’alcool et contre lui-même. Avec son sens habituel de l’humain et du spectacle, Robert Zemeckis (Seul au monde) parvient à nous retourner dans tous les sens du terme. En alcoolique tour à tour pathétique et héroïque, Denzel Washington est toujours aussi épatant : son interprétation fait de Flight un film de haut vol.
-
Réalisateur oscarisé pour Forrest Gump, Zemeckis délaisse le divertissement numérique dont il est l’un des pionniers (Le Pôle Express). Bien lui en a pris, il signe un thriller psychologique de haut vol sur la rédemption portée par une brillante réflexion sur la culpabilité. Pro du divertissement très politiquement correct, le réalisateur de Retour vers le futur se lâche, pour le meilleur. Outre des scènes de nudité, il dézingue une nation procédurière, pétrie de bigoteries et d’hypocrisie. Exit donc le rêve américain passé à la moulinette au travers de cet homme en souffrance victime de ses addictions. A contre-emploi, Denzel Washington livre une prestation majeure. Et pourrait bien décrocher son troisième Oscar.
-
« Flight » est un film très bien réalisé mais pas divertissant, ni drôle pour deux sous.
-
par Ariane Valadié
Spectaculaire, mais trop convenu à la fin .
Une des performances les plus nuancées et impressionnantes de la carrière de Denzel Washington.
Un drame désuet mais convaincant.
Que ceux-ci soient mythologiques ou intérieurs, l'oeuvre de Zemeckis prouve qu'elle n'a que faire du flacon pourvu qu'on en ressente l'ivresse d'une histoire universelle. Pilotée ici par un conteur d'exception, et d'un casting irréprochable jusque dans ses plus petits second rôles.
Le chemin vers la chute ou la rédemption, conté avec maîtrise par Robert Zemeckis est un vol long-courrier plein de turbulences. Dommage que le pilote incarné par Denzel Washington, se contente d'un jeu efficace mais paresseux.
Zemeckis nous présente un mélodrame moralisateur alors que l’histoire a le potentiel pour être un drame moderne, mature et sophistiqué.
Il y a deux façon de regarder Flight. On peut y voir un film catastrophe de type 747, mais on peut aussi y voir un mélodrame très fifties, sur l’alcoolisme. Dans les deux cas, il s'agit du premier drame de son auteur. (...)Alors, si on attend de Flight un film spectaculaire et d'action, la déception est grande. Si on attend un film avec des experts un peu partout, là aussi on risque de ne pas en avoir pour son argent. En revanche, si on prend le film pour ce qu'il est, un film qui mute, se métaphorise pour devenir un drame, une faillite personnelle, alors le film passionne.
Un film de 150 minutes : un crash et 135 minutes d’expérience captivante.
Un point de vue résolument conservateur n'entache rien l'intensité de Flight, mis en scène avec une précision géométrique, interprété par un comédien qui dévore son rôle et semble rester inassouvi.
Un mélodrame effronté mais efficace.
Un film plutôt intéressant mais qui ne nous implique pas plus que ça, malgré la performance exceptionnelle de Denzel Washington.
Denzel Washington habite ce mélo qui dissèque avec noirceur les contradictions de l'Amérique. Grand film.
Un film de procès captivant et spectaculaire !
Zemeckis délaisse les expérimentations numériques ("Le pôle express", "La légende de Beowulf"), donne aux acteurs la possibilité d'incarner au sens propre des personnages désaxés (notamment John Goodman, excellent en dealer), et dépeint une Amérique en panne de rêves, où les héros n'existent plus. Jouant l'autodestruction, l'orgueil, la haine comme pas grand-monde à Hollywood, Denzel Washington trouve un rôle à sa (dé)mesure.
Après trois films d’animation passés à tester (avec des résultats discutables) les possibilités expressives de la technologie de motion capture, Robert Zemeckis revient à la prise de vue réelle et à des enjeux plus proches du cinéaste que du technicien. Et il signe ce retour par un récit à l’ambiguïté pour le moins intrigante...
Un film spectaculaire mais inabouti, avec un Denzel Washington en grande forme.
Robert Zemeckis (Forrest Gump), cinéaste efficace, réussit sa spectaculaire scène du crash. Mais la seconde partie du film, plus centrée sur la personnalité du héros, hésite entre pathos et bons sentiments. Denzel Washington n'en reste pas moins convaincant.
Accrochez-vous à votre siège, mais ne fermez pas les yeux. Robert Zemeckis a toujours la main, alors qu’il change une fois encore de genre. Une variation sur le film catastrophe (...) Mais la suite vole bien bas, quand la deuxième partie du récit vire au film de procès.
Réalisé par Robert Zemekis (Retour vers le futur, Forrest Gump, Seul au monde) et mettant en vedette Denzel Washington, ce film très humain nous présente la lente déchéance d'un alcoolique doublé d'un cocaïnomane. Mais la fin ratée dessert totalement le propos...
Robert Zemeckis réalise un film d'avion, sous-genre du cinéma catastrophe (...) pour ne rien arrangé le film est parsemé de bondieuseries peu engageantes. (...) Pourtant Denzel Washingthon tient sa partie avec une fougue éblouissante. (...) Grâce à lui, Flight décolle d'un plancher des vaches qu'il ne semblait pas devoir quitter.
Un film bien conçu mais après la séquence du crash et ses images douloureuses, on rentre dans un mélodrame avec une impression de déjà-vu.
Passé l'impressionnante séquence de crash initial, le réalisateur de "Forrest Gump" montre que le grand cinéma américain sait encore raconter une histoire de A à Z, péripéties et bleuette sentimentale comprises, pour illustrer un propos : ici, l'héroïsme ne peut sauver le héros du crash moral.
Grâce à un commandant de bord qui carbure à l'alcool et à la cocaïne, une catastrophe en plein ciel est évitée. Cela fait-il de ce pilote un héros ? En mêlant spectaculaire et étude psychologique, cette production hollywoodienne trouve une matière originale. Dommage qu'on fonce finalement droit dans la leçon de morale.
Un pilote de ligne, sous l’influence de l’alcool, sauve miraculeusement ses passagers d’un terrible accident... Robert Zemeckis fait son grand retour au cinéma “traditionnel” : aussi inégal que fascinant, Flight est gâché par une fin lourdement moralisatrice.
Robert Zemeckis sait torcher une scène d’action de façon magistrale. Il suffit de voir la séquence démentielle de catastrophe aérienne de Flight pour en être convaincu. Denzel
Washington est un grand acteur. (...) On est d’autant plus assommé par la conclusion moraliste de ce film qui arrive comme un Airbus 380 dans le potage. Comédien et réalisateur sont tombés de l’avion pour livrer cette fin ridicule aux bons sentiments outrés. Intense perplexité.
Une première demi-heure planante et puis Zemeckis fait machine arrière toute pour 100 minutes de repentance puis de rédemption qui donnent juste envie de se taper plusieurs bourbons en sortant histoire de virer le goût âcre de cette Amérique bien pensante.
Le film qui démarre sur les chapeaux de roue avec une belle scène de crash, s'enlise peu à peu dans le schéma conformiste d'une Amérique engluée dans ses principes.
L’auteur souvent inventif de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Et Forrest Gump s’embourbe dans un pensum sur les ravages de l’alcoolisme chez les pilotes de lignes.
On peut regretter cependant que la tension du film finisse par s’émousser et s’étirer artificiellement dans la jonglerie hasardeuse à laquelle l’accule sa sujétion à une équation funambule, toute hollywoodienne, qui l’oblige à concilier la contrainte du happy end avec le commandement de se révéler édifiant en dernier lieu - tout héros des cieux qu’il est, les travers terriens d’un junkie ne sauraient demeurer impunis. Qui de la main de Dieu ou de la cocaïne sauva l’avion en perdition ? (...) Flight égare beaucoup de son ambiguïté nerveuse et de son panache à trop s’obstiner à trancher.
Les mimiques caricaturales de Denzel Washington tout en bouche achèvent de faire de Flight le plus mauvais film de son auteur.
La bande annonce nous vendait un film d’action, axé autour du crash et de ses conséquences juridiques. A la place, Robert Zemeckis (‘Forrest Gump’, ‘Seul au monde’) nous sert un mélo un peu faible sur l’addiction de son héros. On ne peut que regretter cette direction prise par le réalisateur, surtout au vu de la scène de crash, horrifique, de loin la meilleure du film.
le réalisateur qui avait réussi à nous faire pleurer devant un ballon de volleyball, à rendre culte le dicton « la vie c’est comme une boîte de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber », ne suscite pas grand-chose avec un long-métrage brouillon et finalement anodin.
Robert Zemeckis aux manettes emballe parfaitement ce récit trempé dans l'eau bénite et qui, finalement, se noie dans la glu.
Malheureusement, Zemeckis retombe dans ses travers soporifiques (Contact, Seul au monde !), avec un discours lourd de didactisme qui trouvera peu de résonance auprès du public hexagonal que l’on sait peu enclin à savourer ce type d’emphase morale.
le réalisateur qui avait réussi à nous faire pleurer devant un ballon de volleyball, à rendre culte le dicton « la vie c’est comme une boîte de chocolat, on sait jamais sur quoi on va tomber », ne suscite pas grand-chose avec un long-métrage brouillon et finalement anodin. A recommander pour les fans inconditionnels de Denzel Washington qui passeront alors, quoi qu'il arrive un bon moment !