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Elle apparaît en gros plan sur une image issue d’un téléphone. Elle est un peu pixelisée mais on peut voir sa détresse. Phong, 20 ans, vient de quitter sa campagne vietnamienne pour rejoindre Hanoï afin d’entamer sa transformation. Depuis qu’elle est toute petite, Phong sait qu’elle est une fille mais la nature en a décidé autrement et elle souhaite désormais corriger le tir. Mais les hormones, le regard des autres, l’apprentissage de ce nouveau corps et de ses codes, c’est un peu lourd à porter pour cette jeune femme en devenir, pleine de vie et parfois un peu trop naïve pour son propre bien. Dans ce documentaire qui commence par « je » pour finir sur « elle », les réalisateurs Phuong Thao Tran et Swann Dubu-Mallet suivent une double métamorphose. D’abord celle d’un homme en femme. Le sujet est pertinent et passionnant, notamment quand on entend la réaction du père de Phong, âgé et ancien combattant communiste, qui voit sa fille comme une révolutionnaire. Mais il y au cours du film une mutation du regard. Au début du long métrage, les images sont tirées du journal intime de Phong qu'elle tourne avec son portable. Puis l'image s'améliore, les plans sont plus larges et posés, d'autres personnes la filment avec des caméras plus professionnelles. Le film quitte ainsi l'intimité spontanée du début pour devenir un témoignage public organisé. Et ce basculement du point de vue interroge : Phong, prise en main par une association qui l’a aidé dans sa démarche de transition et a voulu en faire l’héroïne de ce documentaire, est-elle encore réellement maîtresse de son parcours ?