Toutes les critiques de Face à la nuit

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    Un beau polar aux accents mélo qui raconte le destin tragique d’un flic en trois nuits décisives. Pour fans de Wong Kar-Wai en manque.

    Grand Prix du dernier festival du film policier de Beaune, Face à la nuit emprunte sa narration à rebours à des oeuvres comme Peppermint Candy, Memento ou Irréversible. S’ouvrant sur le suicide d’un homme, en 2049, dans un Taipei du futur ressemblant à un Blade Runner lo-fi, le récit remonte ensuite le fil du temps pour comprendre les raisons de son geste, s’arrêtant sur trois nuits de sa vie, entre futur, présent et passé. Le Taïwanais Ho Wi-Ding dresse le portrait d’un homme hanté par différents moments traumatiques de son existence et élabore un suspense en trois actes, une rumination existentielle interrogeant le poids du destin et la puissance destructrice des regrets. Face à la nuit mêle les genres, convoque aussi bien Les Amants de la nuit que des visions de science-fiction, mais est avant tout un polar grignoté par le mélo, nourri du souvenir des romances néon que fabriquait Wong Kar-Wai dans les années 90. C’est un film romantique, fiévreux,guidé par l’urgence, décrivant un outre-monde qui semble disparaître au lever du jour, un Taipei interlope habité par des flics corrompus, des voyous sensibles et des putes aux yeux tristes. Si le compte à rebours égrené par le récit semble un peu artificiel, trop programmatique pour vraiment toucher, le film séduit pour ses acteurs, son atmosphère, ses décrochages poétiques, ses flashs de violence, et les mille idées de mise en scène qui l’émaillent. On guette le prochain Ho Wi-Ding avec curiosité.