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Adrei Zviaguintsev frappe encore par la force de son regard et la finesse de sa réalisation. Captivant portrait de femme dans la Russie contemporaine, Elena est à ranger dans la catégorie des films marquants.
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Loué ou critiqué pour ses afféteries stylistiques, le réalisateur du Retour et du Bannissement signe un troisième film glaçant, portrait d’une morne Russie où l’instinct de survie supplante toute trace d’humanité. Le premier plan fixe montrant la branche d’un arbre où se perche un piaf, puis un autre, est à la fois une métaphore du vieux couple et une référence aux Oiseaux d’Hitchcock. Il donne le ton du film, qui n’appartient à aucun genre, embrassant la chronique réaliste, le drame familial et le thriller existentiel. La longueur lancinante des plans, la répétition de certaines figures (le réveil matinal, les trajets d’Elena pour voir son fils, les personnages qui regardent la télé...) donnent une impression de cauchemar éveillé permanent. Un jour sans fin version glauque dont la Russie ne semble pas prête de sortir.
Toutes les critiques de Elena
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Si le scénario complexe, invite au questionnement (...) Andreï Zviaguintsev a le talent de cultiver un suspens nourri par la musique angoissante de Philippe Galss. Il nous montre une société en proie à la sauvagerie, où le luxe et la froideur de l'appartement moscovite encouragent le passage aux actes les plus abjects. Sublime et terrifiant.
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De part et d'autre, du travail admirable.
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Zviaguintsev devient l'égal des plus grands avec ce conte noir, aiguisé comme un scalpel, où il dissèque un crime de classe dans un pays qui ne sait même plus ce que c'est.
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Le film brosse aussi un tableau social, architectural et topographique de la nouvelle Russie, vision sombre et inquiétante qui a aussi valeur universelle, avec l’argent comme puissance létale pour ceux qui n’en ont pas assez, morbide pour ceux qui en ont trop.
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par Lucie Calet
Moins mystico-guindé que « le Bannissement », son précédent long-métrage, « Elena », d’Andreï Zviaguintsev, fait, sur une musique de Philip Glass, le portrait acide, rigoureux et froid d’une Russie hantée par le vol et la violence. Le cinéaste, un surdoué du cadre, opte d’abord pour de captivants plans fixes, oppose la distance entre Vladimir et Elena à la promiscuité qui règne dans l’appartement du fils de celle-ci et filme l’affrontement père/fille avec des accents bergmaniens.
Le drame se noue à l'étouffé. Lentement, sans éclat. C'est une révolution muette (...) Zviaguintsev est un insurgé. Son film est une bombe glacée.
seul regret : que l'incontestable talent formel de Sviaguintsev ne soit qu'au service d'une misanthropie étouffante déguisée en lucidité à peu de frais, où l'hypothèse du crime de classe est neutralisée par un cynisme destructeur et démissionnaire renvoyant à nos salauds de riches et salauds de pauvres.
"Elena" est une oeuvre qui travaille magistralement sur divers niveaux. Scandé par une attention aux gestes de tous les jours (...), par de longs plans-séquences enregistrant (...) les déplacements des protagonistes (...), soutenu par la musique répétitive de Philip Glass, le film est structuré de manière à donner conscience au spectateur d'une évolution fatale.
"Elena" est surtout un film d'une grande densité, tenu, tendu, qui laisse les plans s'exprimer - fixes et longs, vifs ou acérés - pour nourrir une histoire qui ne sort jamais du cadre. Suspense et tremblements. Spassiba, Andreï.
Avec "Elena", Zviaguintsev peint avec talent les tensions sourdes et violentes de la société russe.
Interprétée par une fantastique Nadezhda Markina, son personnage apparaît comme une métaphore de l’époque. Assurément la plus glaciale.